Quand deux monstres sacrés de la bande dessinée mondiale se rencontrent en les personnes de Jean Giraud aka Moebius et Stan Lee, ils décident de collaborer sur une œuvre. Cette rencontre a donc donné naissance à ce court récit composé de 2 chapitres pour une cinquantaine de pages : Silver Surfer - Parabole, sorti en 1988. Dans un monde où les super-héros semblent être devenus des légendes, le Silver Surfer erre dans les rues de la Terre tel un SDF. Mais ce dernier va devoir reprendre sa planche lorsque Galactus, le dévoreur de mondes, arrive sur la planète. Cette importante figure divine va par sa seule présence réveiller les plus bas instincts des humains avec un fond de secte religieuse mondiale. Le scénario de Stan Lee est nettement en retrait à côté des planches avec un script assez simple et peu original. S'il redonne sa place de “juge” à un surfeur très humaniste dont la logique ne comprend pas le déchirement des humains, la parabole écrite ici est, elle, bourrée de clichés et d’amalgames. D'emblée toute réflexion et profondeur sont mises de côté pour mettre en lumière une caricature de l’humain “mouton” empreint de bêtise qui est incapable de s’en sortir seul. Il cache cependant une morale qui semble lui tenir à cœur dans ce récit anti-religieux en essayant de nous faire comprendre qu’il vaut mieux avoir foi en son âme et dans les individus que d'obéir aveuglement à une foi basée sur une figure de puissance et c’est avec cela que l’homme pourra surmonter les obstacles. Le récit est donc loin d’être ingénieux mais il reste cependant terriblement d’actualité à plus petite échelle… Le personnage du Silver Surfer semble correspondre parfaitement au style de Moebius qui le sort de son univers comics pour le faire sien et l’intégrer dans une monde dont lui seul avait le secret. Comme toujours, ses dessins sont très lisibles, propres et épurés. De plus le côté “rêveries” de ses planches le rendant en phase avec l’atmosphère du récit. Une belle démonstration de la part de Moebius. Si à première vue le prix par rapport au nombre de pages semble démesuré, les planches contenues méritent ce genre d’édition. Pour accompagner le récit, Jean Giraud nous présente les coulisses fortes intéressantes de la création de Parabole et sa rencontre avec le fonctionnement Américain. Autre complément sympa, on retrouve plusieurs personnages Marvel revisitée par l’auteur. Je ne vous le cache pas, le principal intérêt de ce volume se trouve dans les planches magnifiques de Moebius, fidèle au talent qu'on lui connaît. Il prend parfaitement à son compte le surfer et nous emmène avec lui dans une Terre futuriste à sa sauce, un plaisir! Malheureusement, Stan Lee est loin d’être au même niveau sur cet album, son histoire n’a rien d’original et sa simplicité fait qu’on devine le final aisément dès le départ. En bref, un volume à prendre pour le plaisir des yeux et Galactus sait qu’il le mérite.