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Critique de Black Market #1

par Jack! le mar. 29 déc. 2015 Staff

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Le légiste Ray Willis est au plus bas depuis qu'il s'est fait coffrer en aidant son paumé de frère Denny à se sortir du guêpier. Sans le sou, incapable d'aider sa femme atteinte d'une maladie grave, Ray ressasse en boucle tout ce qui cloche dans sa vie jusqu'au jour où Denny refait irruption, lui proposant de tout remettre en ordre grâce à un dispositif simple : voler l'A.D.N. des super-héros, source de tous les remèdes... C'est ainsi que démarre l'album Black Market, le polar super-héroïque imaginé par le scénariste Frank J. Barbiere (Five Ghosts) et le dessinateur Victor Santos (Furious) pour le compte de l'éditeur Boom ! Studios et que propose le jeune label Glénat Comics dans nos contrées*. Un super-polar qui a une influence tellement évidente qu'elle vous frappe au visage. Dans ce cas, il s'agit de l'un des véritables succès critiques de la petite lucarne, la série Breaking Bad qui inspire l'auteur au moins autant que Joshua Williamson se nourrit de Hannibal lorsqu'il imagine Nailbiter chez Image Comics. Elle l'inspire dans la conception des personnages (un monsieur tout le monde prêt à tout, un raté sympathique), ainsi que dans les thèmes abordés (un produit illicite très demandé) et dans le déroulement de l'histoire (addiction du héros pour le risque, jusqu'au point de non-retour, etc.). Cette influence (probablement inconsciente) est à double-tranchant. Bien faite, elle offre une histoire rythmée, originale et qui se substitut assez facilement des ficelles du récit classique de truands pour y ajouter une touche bienvenue de super-héros, le porte-étendard de la bande-dessinée américaine (on se rapproche cependant du surhomme décadent à la ''The Boys'' plutôt que du ''Superman'' bienveillant de Siegel et Shuster). Le retour de bâton d'un tel procédé, c'est que le lecteur captant cette influence anticipe la plupart des grosses surprises du récit, même lorsqu'elles sont diluées dans quelques cafouillages narratifs (les différents allers-retours ont malheureusement tendance à perdre le lecteur lors de la première lecture). Bref, sans crier au plagia, Black Market est une histoire qui sent le déjà-vue mais qui se laisse lire sans déplaisir. L'ouvrage n'exploite pas pleinement le format de la mini-série (ou d'un récit limité en cinq épisodes plutôt) puisqu'il conclue sur une fin ouverte – on aurait presque plus envie de savoir ce qu'il adviendra que ce qui est survenu – mais fait preuve d'une jolie montée en puissance des enjeux jusqu'à la révélation finale. Si on me révélait demain que les deux auteurs avaient prévu de continuer, je n'en serais pas surpris. Reste un polar noir dans la veine super-héroïque qui plaira beaucoup aux inconditionnels de la série Powers, autant pour l'aspect terre-à-terre du récit, s'intéressant plutôt à l'homme de la rue dans un monde où fourmillent les surhommes, que graphiquement. Le trait élégant de Santos, rond sans être "cartoon", avec une très bonne maîtrise des ombres rappelant autant des gars comme Michael Avon Oeming que Darwyn Cooke, est un véritable régal pour les yeux. ________________________________________ * Jeune label (pas plus de cinq ans) qui semble d'ailleurs avoir révisé sa maquette. On reste dans la continuité de ce que propose Delcourt : des ouvrages plutôt solide et agréable en main, garnit de quelques pages de bonus, si ce n'est une tendance à vouloir se démarquer esthétiquement sur les étalages. Détail, détail.

En bref

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