Il n'aura pas fallu attendre longtemps, en tout cas pour nous, lecteurs français, pour découvrir sur quoi planche Eric Powell lorsqu'il ne travaille plus sur The Goon. En vérité, la mini-série "Big Man Plans" est parue quelques temps avant les deux dernières séries The Goon chez Dark Horse. Co-écrit avec son pote de beuverie Tim Wiesch à une époque où l'artiste était au plus bas moralement, squattant le canapé dudit poto avec assez de bières pour assommer un éléphant, Big Man Plans transpire le mal-être. L'album raconte la vie tragique d'un nai... "homme de petite taille" qui retourne dans sa ville natale pour régler quelques comptes après avoir reçu une mystérieuse lettre. Dès le premier chapitre, Powell balance tout ce qu'il a à la tronche du farfadet, dénonçant les travers de la société (de la cellule familiale à la guerre du Vietnam) en se moquant allégrement des péquenauds de sa contrée natale avec cet humour cinglant qui lui va si bien, avant de relâcher la petite créature sur la foule. Bref, c'est une lecture bien dégueulasse. Vilaine toute plein. C'est ce qui arrive lorsque l'artiste met toutes ses prétentions "auteuristiques" au placard. C'est Eric Powell qui redouble d'inventivité et de roublardise lorsqu'il s'agit de trouver une nouvelle manière de faire souffrir quelqu'un après avoir vu l'acteur Peter Dinklage (oui, le célèbre Tyrion Lannister) s'en prendre plein la pomme dans la dernière saison de "Game of Thrones". Force est de constater que là où The Goon avait tendance à se laisser vivre gentiment, Big Man Plans est un pamphlet érigé à la gloire du mauvais goût. C'est aussi un joli coup de maillet dans les roubignoles de ceux qui pensaient que Powell se reposait sur ses lauriers. Non, non, il ne se repose pas, il essaie simplement de comprendre comment un homme a qui on a coupé les parties génitales ne se répand pas en sang sur votre parquet. C'est pas du grand art, mais c'pas c'qu'on lui demande non plus. Une œuvre qui est tout le contraire de "passe-partout" (je n'ai pas pu m'en empêcher), réservée aux adeptes d'humour noir. Âme sensible s'abstenir.