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Critique de Secret Identities

par Jack! le lun. 10 oct. 2016 Staff

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J'avais déjà eu la chance de lire la mini-série « Secret Identities » de Jay Faerber, Brian Joines et Ilias Kyriazis en V.O. et je dois avouer, sans mentir, que j'ai pris le même plaisir à la redécouvrir dans l'édition française que propose Glénat Comics ces jours-ci. Il faut dire que Jay Faerber est loin d'être manchot lorsqu'il s'agit d'écrire des récits vifs et surprenants, et que ses deux collègues semblent clairement à la hauteur de la tâche. Secret Identities raconte les (mes)aventures du plus grand groupe de super-héros de la Terre, la Ligne de Front, qui s'est formée après avoir endigué une invasion de géants cosmiques. Adulés par le reste du monde, ces super-héros ne sont pas aussi vertueux et héroïques qu'ils ne le laissent penser et une taupe, récemment infiltrée, cherche à découvrir le moindre de leurs sales petits secrets pour faire sombre l'équipe. Passé ce point, la série de Faerber et Brian Joines se révèle d'une densité incroyable, un peu comme si un adepte des récits serrés et plein de rebondissements, à l'instar du Vince Gilligan de « Breaking Bad » par exemple*, avait décidé de se confronter aux super-héros avec la même passion pour la compromission et les répercussions qui en découlent. De fait, chaque numéro frôle la catastrophe dans une course effrénée vers la vérité, que ce soit lorsque le traître met enfin la main sur quelques informations honteuses ou lorsqu'il manque lui même de se faire démasquer par un de ses collègues. Véritable leçon d'introduction, le premier numéro joue sur les archétypes des comics de super-héros pour mieux les détourner lorsqu'il s'attaque à leur quotidien. On découvre donc une extra-terrestre qui a échoué dans la mauvaise famille une fois arrivée sur Terre ; un véloce qui s'ennuie tellement dans sa vie qu'il a décidé de la partager entre trois femmes (et ses nombreux enfants) ; un guerrier millénaire qui regrette amèrement ses actes passés ; un détective de l'obscure... obscur ! ; et même la super-fille du président qui abandonne toutes ses obligations le temps d'une soirée de débauche. La série Secret Identities eut-elle continué, elle serait parvenu à faire ce que fait si bien Savage Dragon (auquel la première fait directement allusion avec « les monstres de Chicago ») ou ce qu'ambitionne d'être Invincible sans jamais y arriver ; c'est-à-dire de proposer une série sur le long terme qui détourne les poncifs avec des idées hautes en couleur et libérées de toute contingence éditoriale pour secouer allégrement le genre. Malheureusement, le public n'a pas suivi aux États-Unis et il est donc passé à côté d'un des titres super-héroïques les plus divertissants et malicieux de cette cuvée 2016, en plus de signer son arrêt de mort. Avec un peu de chance, son destin sera tout autre en France, permettant ainsi à Glénat Comics d'envisager la publication d'autres séries de Jay Faerber - populaires aux États-Unis et méconnues dans l'hexagone - comme les excellentes « Noble Cause » et sa suite « Dynamo 5 » (cette dernière dessinée par un certain Mahmud Asrar). ____________________________________________________________ *Si l'allusion à « Breaking Bad » n'est pas des plus évidentes dans « Secret Identities », l'excellente web-série « Anti-Hero » du même Jay Faerber, avec Nate Stockman au dessin, creuse l'affiliation en narrant la quête destructrice d'un surhomme qui se compromet lorsqu'un maître-chanteur menace de révéler son identité secrète au monde entier. Péripéties en pagaille garanties !

En bref

J'avais déjà eu la chance de lire la mini-série « Secret Identities » de Jay Faerber, Brian Joines et Ilias Kyriazis en V.O. et je dois avouer, sans mentir, que j'ai pris le même plaisir à la redécouvrir dans l'édition française que propose Glénat Comics ces jours-ci. Il faut dire que Jay Faerber est loin d'être manchot lorsqu'il s'agit d'écrire des récits vifs et surprenants, et que ses deux collègues semblent clairement à la hauteur de la tâche. Secret Identities raconte les (mes)aventures du plus grand groupe de super-héros de la Terre, la Ligne de Front, qui s'est formée après avoir endigué une invasion de géants cosmiques. Adulés par le reste du monde, ces super-héros ne sont pas aussi vertueux et héroïques qu'ils ne le laissent penser et une taupe, récemment infiltrée, cherche à découvrir le moindre de leurs sales petits secrets pour faire sombre l'équipe. Passé ce point, la série de Faerber et Brian Joines se révèle d'une densité incroyable, un peu comme si un adepte des récits serrés et plein de rebondissements, à l'instar du Vince Gilligan de « Breaking Bad » par exemple*, avait décidé de se confronter aux super-héros avec la même passion pour la compromission et les répercussions qui en découlent. De fait, chaque numéro frôle la catastrophe dans une course effrénée vers la vérité, que ce soit lorsque le traître met enfin la main sur quelques informations honteuses ou lorsqu'il manque lui même de se faire démasquer par un de ses collègues. Véritable leçon d'introduction, le premier numéro joue sur les archétypes des comics de super-héros pour mieux les détourner lorsqu'il s'attaque à leur quotidien. On découvre donc une extra-terrestre qui a échoué dans la mauvaise famille une fois arrivée sur Terre ; un véloce qui s'ennuie tellement dans sa vie qu'il a décidé de la partager entre trois femmes (et ses nombreux enfants) ; un guerrier millénaire qui regrette amèrement ses actes passés ; un détective de l'obscure... obscur ! ; et même la super-fille du président qui abandonne toutes ses obligations le temps d'une soirée de débauche. La série Secret Identities eut-elle continué, elle serait parvenu à faire ce que fait si bien Savage Dragon (auquel la première fait directement allusion avec « les monstres de Chicago ») ou ce qu'ambitionne d'être Invincible sans jamais y arriver ; c'est-à-dire de proposer une série sur le long terme qui détourne les poncifs avec des idées hautes en couleur et libérées de toute contingence éditoriale pour secouer allégrement le genre. Malheureusement, le public n'a pas suivi aux États-Unis et il est donc passé à côté d'un des titres super-héroïques les plus divertissants et malicieux de cette cuvée 2016, en plus de signer son arrêt de mort. Avec un peu de chance, son destin sera tout autre en France, permettant ainsi à Glénat Comics d'envisager la publication d'autres séries de Jay Faerber - populaires aux États-Unis et méconnues dans l'hexagone - comme les excellentes « Noble Cause » et sa suite « Dynamo 5 » (cette dernière dessinée par un certain Mahmud Asrar). ____________________________________________________________ *Si l'allusion à « Breaking Bad » n'est pas des plus évidentes dans « Secret Identities », l'excellente web-série « Anti-Hero » du même Jay Faerber, avec Nate Stockman au dessin, creuse l'affiliation en narrant la quête destructrice d'un surhomme qui se compromet lorsqu'un maître-chanteur menace de révéler son identité secrète au monde entier. Péripéties en pagaille garanties !

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