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Critique de Astronauts In Trouble

par bulgroz le sam. 4 mars 2017 Staff

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Delcourt nous propose l’intégrale de la série au sein d’un seul album de près de 300 pages pour 20 euros. Astronauts in trouble a été publié à l’origine en 1999, par la maison d’édition du même nom et fondée par Larry Young, également scénariste du comic qui nous occupe. Côté dessin, on retrouve Charlie Adlard et sa patte très reconnaissable, bien qu’ayant bien évolué en presque vingt ans et une flopée de zombies depuis 2004 : noir et blanc, contrastes très appuyés… tout y est. Le livre s’ouvre sur une préface de Robert Kirkman (évidemment) qui tout en encensant Adlard, rend hommage à Larry Young : c’est lui qui lui a fait connaître le dessinateur phare de Walking Dead grâce à Astronauts in trouble, bien que Charlie Adlard ait déjà sévi auparavant sur X-Files entre autres. Une préface intéressante qui nous laisse entrapercevoir les galères de l’autoédition et des jeunes auteurs de BD en général. Astronauts in trouble est un récit découpé en plusieurs histoires indépendantes, mais ayant toutes pour personnages principaux des journalistes vedettes d’une chaîne de TV : Channel 7. La première d’entre-elles commence sur le mode du polar, puis change radicalement d’orientation : on se retrouve plongé dans une version uchronique de la Guerre Froide, course aux étoiles, pistolets laser vintage… le tout formant un hommage rétro aux comics de science-fiction. C’est ensuite que la trame principale du récit se dévoile : la majeure partie de l’œuvre se déroule en réalité une cinquantaine d’années après la première histoire, dans un futur-proche-mais-pas-tant-que-ça, dans lequel « l’homme le plus riche du monde revendique la possession du satellite terrestre » (quatrième de couverture). Les journalistes, eux, doivent couvrir l’expédition. Évidemment, tout n’est pas si simple, mais je peux difficilement en dire davantage… Malgré une quatrième de couverture accrocheuse, j’ai eu du mal à adhérer à l’histoire et à m’attacher aux personnages que j’ai parfois peiné à différencier. L’intrigue principale se retrouve souvent noyée par d’autres plus secondaires, les scènes s’enchaînent les unes après les autres sur le même rythme soutenu, sans réelles coupures ni pauses. A défaut d’avoir en main un page-turner inarrêtable, on se retrouve avec un récit assez monotone et c’est dommage, l’histoire gagnerait en intérêt et en profondeur si les personnages étaient plus travaillés, si l’intrigue cherchait un peu plus de relief pour mettre en valeur un scénario qui, au regard des publications plus récentes, nous paraît assez convenu. La forme donc, de l’œuvre, n’est pas son point fort. Le fond non plus en fait, si on se contente de la surface : il faut gratter. Ce qui fait la force de l’œuvre, c’est la critique assez visionnaire (bon d’accord, 1999 ce n’est pas si loin, mais quand même…) des potentielles dérives capitalistiques : un grand patron de multinationale s’empare de ce qui est par essence un bien commun : la Lune. Et plus encore, ce que je retiens de cette œuvre c’est une dénonciation de la société du tout médiatique, une critique précoce des chaînes d’info en continu « prises en otage » par les patrons cité plus haut, n’ayant aucun espace pour prendre le recul nécessaire à la critique, se retrouvant, malgré leurs bonnes intentions, à faire acte de propagande en direct. C’est cette lecture qui fait, d’après moi, la richesse de Astronauts in trouble. Pour le reste, je trouve qu’en se dirigeant vers le rétro, l’ensemble prend souvent le virage de la ringardise : scénario aux rebondissements peu subtils, omniprésence pesante d’un pseudo-comique porté par quelques personnages qui semblent n’exister que pour faire rire et qui me font penser à ces personnes qui n’ouvrent la bouche que pour balancer des vannes débiles, que l’on feint de ne pas avoir entendue mais qui intérieurement, te crispent. Astronauts in trouble oscille entre plusieurs genres, ce qui aurait été un parti-pris plutôt intéressant, mais au final les auteurs nous laissent dans le doute. Peut-être est-ce volontaire ? C’est tout de même une bande dessinée agréable à lire, que les amateurs de noir et blanc et les fans d’Adlard apprécieront. Pour le scénario, il ne faut pas s’arrêter au premier niveau de lecture, mais bien chercher à comprendre ce que Larry Young nous dit de la société…

En bref

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