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Critique de Strange Fruit

par Blackiruah le lun. 1 mai 2017 Staff

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« Strange fruit » est une œuvre que j’attendais avec impatience. D’une part, son sujet traite la ségrégation dans l’Amérique profonde (dans le Mississipi), une thématique qui me tient à cœur, d’autre part, elle est tenue par 2 auteurs que j’admire grandement J.G. Jones, dessinateur de renom, et Mark Waid, le scénariste de génie. C’est d’autant plus intéressant que ce sujet, qui concerne profondément la population noire, est traité par 2 personnes blanches, petite précision qui rend l’œuvre d’autant plus intéressante. Le récit se situe en 1927 dans le Mississipi, à Chatterlee, époque et lieu où la ségragation faisait rage. Or la bourgade risque de subir une innondation catastrophique qui force les gens à faire des travaux pour éviter le pire. Mais, bien évidemment, les peuples ont du mal à s’organiser efficacement, pollués par les restes de la culture esclavagiste. Mais qu’en est-il quand ces derniers vont devoir faire face à l’arrivée d’un équivalent à Superman… noir !? Une arrivée qui changera bien des choses. Commençons tout d’abord par l’epoustouflante qualité graphique de ce titre. JG Jones ne dessine pas, il peint. Et force est de constater que le choix s’avère payant : les couleurs pâles et légèrement effacées indiquent une ère résolument du passé mais le réalisme amené par la texture et la précision des peintures ancrent le tout dans la réalité. L’effet est parfois tel que j’ai eu l’impression de revivre un vieux souvenir effacé, ce qui donne du caractère à cette œuvre. D’ailleurs, c’est JG Jones qui est à l’origine du projet s’aidant de Mark Waid pour les dialogues et l’articualtion du récit. Les auteurs dénoncent bien évidemment une époque engluée par le racisme où le Ku ku klan est souvent dans les parages. Du coup, cette œuvre met le doigt où ça fait mal, démontrant un racisme poussé qui va jusqu’à mettre à mal les représentants de la ville même si certains soutiennent aussi la population noire. Ces derniers réagiront d’ailleurs très mal à « Col », le superman noir qui traverse l’œuvre sur fond de crise et devra affronter ce rejet malgré la catastrophe proche. Néanmoins, je reste très frustré après la lecture de cette œuvre. En 4 chapitres, les auteurs parviennent à brosser tous les aspects de cette atmosphère ségrégationniste mais à défaut de les aborder pleinement. Tout d’abord, le potentiel du colosse est à peine abordé et n’intervient que ponctuellement pour faire avancer le récit. J’aurais préféré vivre ce récit à travers son regard pouvant amener une critique plus virulente et directe de cette société, mais le majeur défaut de cette œuvre est la fin. Cette dernière est bien trop rapide et brute, rendant la fin beaucoup trop décevante : j’aurais souhaité poursuivre cette plongée dans cette époque et en savoir plus sur les aboutissants de ce récit et sur les protagonistes importants. Mais non, nous n’aurons pas cette chance car cette œuvre se tient uniquement en un récit. Tant pis... « Strange Fruit » est ainsi une œuvre qui aborde pleinement le sujet du racisme à une époque où il fallait la vaincre pour combattre cette catastrophe naturelle que peut être une inondation au Mississipi. J.G Jones accompagné de Mark Waid y brossent un portrait complet sans retenue tout en y instaurant plusieurs niveaux de lectures. Car, le fruit étrange n’est pas uniquement ce Superman noir, mais aussi cet ingénieur de même couleur qui aura un rôle essentiel dans cette histoire. Comme quoi, les américains peuvent ainsi voir que des auteurs « blancs » ont aussi la capacité d’écrire de magnifiques récits sur une minorité qui n’est pas la leur ! Reste que je suis très frustré car j’ai ce sentiment qu’avec quelques pages en plus, cette histoire aurait pu devenir un grand classique, c’en est presque rageant.

En bref

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