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Critique de Symmetry

par bulgroz le ven. 2 juin 2017 Staff

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Symmetry s’inscrit dans la lignée des récits dans lesquels les nouvelles technologies sont omniprésentes, réglant tous les aspects de notre vie. Mais à la différence de nombre de parutions récentes, l’organisation sociale à l’œuvre dans Symmetry est présentée dès le départ comme utopique : à chacun selon ses besoins, les hommes, les femmes - ainsi que celles et ceux qui n’ont pas encore choisi leur genre – ne travaillent que très peu, ayant de ce fait beaucoup plus de temps à consacrer à leurs loisirs. Une société dans laquelle la violence a été bannie définitivement et qui est en perpétuelle recherche de la parfaite harmonie entre les individu.e.s : la "symmetry". Évidemment, on se doute bien que tout cela n’est pas si simple, que les hommes et les femmes, reliés en permanence à un système central d’intelligence artificielle ne sont pas aussi libres que les « pacificateurs » entendent leur rappeler à chaque instant. On peut imaginer que les auteurs de Symmetry se sont inspirés d’œuvres majeures sur le sujet, telles que Utopia de Tomas More ou même des travaux de Charles Fourier sur les sociétés idéales. Néanmoins, Symmetry n’est pas un manifeste en faveur d’une organisation sociale rêvée : s’il est évidemment question de dystopie et d’utopie, le réel sujet et celui de la mince frontière entre les deux… peut-être est-ce là que réside la symétrie : comme si chaque innovation technologique ayant pour objet le bonheur humain, était constamment rattrapé par son double négatif. Une sorte de « miroir obscur », un « black mirror », quoi. Un titre qui aurait tout à fait convenu au comic qui nous intéresse, mais il paraît que c’était déjà pris. Symmetry est une claire satire de notre monde ultra-connecté, on y questionne les enjeux éthiques liés à l’eugénisme, au transhumanisme, à l’invasion des IA… et surtout : de notre dépendance à tout cela, conduisant petit à petit à la dilution de notre humanité, jusqu’à sa disparition complète, puisque dans ce monde "idéal", aucun écart de conduite n’est permis, ni même possible : pas de véritable amour, pas de violence, pas d’ivresse… autant d’éléments sans lesquels la vie est bien fade mais qui, s’ils sont maîtrisés par le pouvoir, sont les éléments du contrôle social. C’est justement ce point qui est central dans l’œuvre : qu’êtes-vous prêts à sacrifier de votre humanité pour une société pacifiée ? A l’image des moyens mis en œuvre pour faire disparaître tout racisme de la société… L’aspect graphique vient renforcer l’immersion dans l’œuvre puisque le dessin se veut proche d’un certain photoréalisme. Un peu difficile pour moi, au début, de les apprécier (pas fan de la manière de traiter les expressions du visage) et puis, comme souvent, on s’y habitue. Excepté certaines mises en couleurs… quelques pages piquent un peu les yeux : trop de couleurs différentes, des tons qui ne vont pas ensemble, quelques ratés de ce côté-ci. Mais c’est pour pinailler, car globalement, cela reste une belle BD. Symmetry est une œuvre disposant de plusieurs niveaux de lecture, on peut y voir une réflexion sur la nature humaine, sur la fatalité, sur le racisme… Si ces questions sont posées et traitées généralement avec justesse, on reste toutefois dans le politiquement correct et dans le très consensuel. Ce qui est un peu décevant venant d’Image et Top cow, des éditeurs que l’on a connu moins frileux. En sa qualité de one shot très bien construit, la lecture est rapide et agréable, c’est plutôt une bonne surprise.

En bref

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