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Critique de Dans l'Antre de La Pénitence

par Le Doc le jeu. 2 nov. 2017 Staff

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Sarah Winchester, le personnage principal de la mini-série "Dans l'Antre de la Pénitence" éditée par Glénat dans une très belle édition en grand format, a véritablement existé. En 1862, Sarah Lockwood Pardee a épousé William Wirt Winchester, l'unique héritier du fondateur de la Winchester Repeating Arms Company, l'entreprise qui domina le marché des armes américaines entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle. Quelques années plus tard, le couple Winchester donne naissance à une fille qui mourra un mois plus tard. En 1880, Oliver Winchester meurt, suivi l'année suivante par son fils William. Dévastée depuis le décès de sa fille, Sarah Winchester hérite de la moitié des parts de la Winchester Company et se rend en Californie où elle achète un ranch qu'elle entreprend de rénover. À partir de ce jour, les travaux n'ont jamais cessé et ce jusqu'au décès de Sarah Winchester en 1922. Ce qui est maintenant connu comme "La Mystérieuse Maison Winchester" compte 160 pièces et fait partie du folklore américain. On la dit même hantée. Elle sera d'ailleurs au centre d'un long métrage qui sortira en 2018 avec la grande Helen Mirren dans le rôle principal. D'après la légende, Sarah Winchester a consulté un medium qui lui a confirmé que sa famille était victime d'une malédiction et qu'elle était traquée par les fantômes de tous ceux qui ont été tués par les armes Winchester. Sa mission était alors de construire une maison pour offrir le repos à ces esprits...et que si la construction devait un jour s'arrêter, elle en mourrait... Cette histoire a depuis longtemps fasciné le scénariste Peter Tomasi, principalement connu pour son travail pour l'éditeur DC Comics sur des séries comme "Batman & Robin", "Superman" et "Super Sons" (pour ne citer que quelques titres). "Dans l'Antre de la Pénitence" fait partie (pour le moment) de ses derniers "creator-owned" et la mini-série a trouvé sa place dans le catalogue de l'éditeur Dark Horse Comics en 2016. Comme tous les comic-books indés de Tomasi, l'idée a germé sous la forme d'un scénario pour l'écran avant de devenir une bande dessinée. Dès la deuxième page, la maison Winchester est révélée...monstrueuse entité d'où résonne le bruit constant des marteaux...bruit des marteaux qui se confond avec celui de la détonation des revolvers, tant les deux sons (et par extension, les deux onomatopées sont identiques). Il n'y a pas que Sarah Winchester qui cherche à expier les péchés de l'entreprise qui a fait la fortune de sa famille...ses ouvriers ont tous quelque chose à se rapprocher, ont tous du sang sur les mains. Attirés presque malgré eux par la maison (c'est d'ailleurs ce qui arrive à Warren Peck, le pistolero introduit par l'intermédiaire scène particulièrement sanglante, à la fin du premier chapitre), ils cherchent l'absolution et ont passé avec Sarah Winchester un pacte tacite. Tout en développant un propos qui est encore tristement d'actualité (voir l'ultime planche), Pete Tomasi joue autant avec les perceptions de ses personnages que celles de ses lecteurs en questionnant la réalité des éléments surnaturels qui entourent Sarah Winchester. La Maison suinte littéralement du sang et des ténèbres apportées par ses occupants, une folie représentée de manière organique par le trait tortueux de Ian Bertram, dont je découvre ici les dessins, n'ayant pas lu "Bowery Boys" ou ses Batman. J'ai lu ici et là qu'il y avait du Joann Sfar dans ses dessins, ce qui aurait pu me rebuter. Il y a en effet des ressemblances, notamment dans la façon dont les yeux sont dessinés, mais dans l'ensemble son style dégage une personnalité propre et crée des atmosphères idéales pour un récit horrifique. Ian Bertram a déclaré dans une interview qu'il n'était pas totalement satisfait de certains passages, mais pour ma part j'ai trouvé que la lecture réserve tout de même des moments saisissants, dans ses errances cauchemardesques comme dans ces incursions intimistes dans la solitude pesante et triste de Sarah Winchester (elle apparaît souvent comme complètement folle aux yeux des gens...et puis Tomasi touche au coeur avec sa toute dernière scène). J'avoue que j'ai eu un petit peu de mal à rentrer dans l'histoire...mais je me suis laissé au fur et à mesure happer par ce mélange de vérité historique et d'horreur psychologique...et je me suis perdu dans ce labyrinthe étrange qu'est la Maison Winchester, au son entêtant des BLAM...BLAM...BLAM...BLAM...

En bref

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