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Critique de Weavers

par bulgroz le mar. 5 déc. 2017 Staff

Rédiger une critique
Avant de rédiger cette critique, je me suis posé la question rituelle : « jusqu’où puis-je aller ? Où commence le spoil ? » et puis j’ai lu la quatrième de couverture. Et je me suis dit que j’avais de la marge… Certains auteurs de résumés, de bandes-annonces prennent soin de leur public en cherchant à ménager l’effet de surprise. Ce qui n’est pas franchement le cas de Weavers. Cela dit, j’aurai moins de scrupules à développer ce dont je n’avais pas l’intention de traiter. Les « weavers » (terme traduisible par « tisseurs » ou « tisserands ») sont un groupe de personnes « possédées » par une araignée leur conférant un pouvoir unique et exclusif. A la mort du corps hôte, l’araignée en cherche un autre… Le nombre de weavers est donc plus ou moins stable, et ensemble, ils forment un réseau, une toile très unie, regroupée autour d’un chef brutal et charismatique. On apprend à connaître petit à petit le fonctionnement de la Toile, sa hiérarchie, ses uniformes, etc. Quand je dis « groupe » et « réseau », il faut en fait entendre « gang » et « mafia ». Car oui, Weavers est une histoire de gang : les araignées contre la mafia russe. Le monde (du moins, la ville) semble appartenir à ces deux camps et nous ne savons pas ce qu’il advient des personnes lambda, on en vient même à se demander « mais que fait la police ? ». Sid Thyme est le dernier à rejoindre le groupe, il a été choisi par une araignée et n’a donc pas le choix : il fait désormais partie de la famille, qu’il intègre bon gré mal gré, hésitant à employer la violence habituelle dont sont friands les Weavers, dotés de pouvoirs tous plus originaux les uns que les autres… Plus qu’une histoire de gangs, de superhéros mafieux, Weavers c’est aussi l’analyse des rapports de domination conduisant un groupe restreint à obéir à des ordres directs, aussi absurdes soient-ils… Le scénariste, Simon Spurrier, fut bien inspiré de ne pas laisser l’histoire se faire écraser par l’usage intempestif des pouvoirs dont sont dotés les personnages : les éléments fantastiques du récit sont systématiquement mis au service de l’intrigue, et les auteurs ne quittent jamais cet objectif, ce qui donne une force et une cohérence tout à fait sensible à l’ensemble. Le rythme est extrêmement soutenu, les rares moments de pause ne semblent ici que pour renforcer l’accélération narrative suivante. Les dessins de Dylan Burnett sont à l’avenant : extrêmement nerveux et dynamiques, une ambiance graphique sombre et sanguinolente que vient accentuer la superbe mise en couleur de Triona Farrell qui a opté pour une judicieuse dominante noire et rouge. Ce comic-book est pour moi une très bonne surprise, les dernières sorties d’Ankama ne m’avaient pas forcément emballé et j’étais un peu réticent à la lecture. Je me trompais lourdement tant une fois le livre attaqué je me suis laissé prendre par les différents niveaux de lecture qu’il est possible de trouver dans Weavers : une œuvre divertissante et menée tambour battant, certes, mais aussi adulte et graphiquement très maitrisée.

En bref

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