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Critique de Les Saisons de Superman

par Le Doc le dim. 4 févr. 2018 Staff

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"De nos jours il y a des gens pour l'appeler "L'Homme D'Acier".[...] Mais il y a eu une période, avant cela, où il n'était que le fils d'un homme." Depuis 2010, le scénariste Jeph Loeb est moins présent dans les pages des comics puisqu'il est accaparé par ses fonctions à la tête de la branche télévision de Marvel Entertainment. C'est un monde que Jeph Loeb n'avait jamais vraiment quitté puisqu'il avait travaillé sur les séries télévisées "Smallville", "Lost" et "Heroes" dans les années 2000. Et bien avant sa percée dans la bande dessinée, Loeb a vendu ses premiers scénarios dans les années 80 : on le retrouve ainsi au générique des longs métrages "Teen Wolf" avec Michael J. Fox et "Commando" avec Arnold Schwarzenegger. Grand fan de comics depuis sa prime jeunesse, Jeph Loeb a fait ses débuts chez l'éditeur DC Comics en 1991 par une mini-série sur une co-création de Jack Kirby, les Challengers de l'Inconnu. Un titre qui a marqué sa première collaboration avec celui qui allait devenir son dessinateur fétiche, Tim Sale. Les deux hommes se sont liés d'amitié et les différents projets qui les ont réunis comptent parmi les meilleurs travaux de Jeph Loeb, auteur par ailleurs très inégal mais souvent inspiré lorsqu'il s'agit d'explorer les premières années des héros, qu'il s'agisse de Batman et Superman ou des héros Marvel comme Hulk, Daredevil et Spider-Man à travers des mini-séries nostalgiques d'une grande justesse dans le portrait des personnages. Après le succès de "Batman : The Long Halloween", Loeb et Sale sont passés en 1998 à un environnement plus lumineux, des ruelles sombres de Gotham aux champs du Kansas, en s'intéressant cette fois-ci au plus grand des super-héros. Les histoires de Batman avaient pour thème les fêtes, celle de Superman allait suivre le rythme des saisons, en utilisant chacune d'entre elle comme une métaphore des étapes du récit initiatique. Pour Clark Kent, c'est la fin de l'enfance, le passage à l'âge adulte (cet aspect "coming-of-age" comme disent les américains est devenu l'une des principales inspirations de la série "Smallville") et les interrogations pour trouver sa place dans le monde. Le printemps marque le renouveau. Clark prend de plus en plus conscience de ses pouvoirs alors qu'il ne cesse d'en découvrir l'étendue. Ses réflexions font écho aux pensées de son père adoptif Jonathan qui fait office de narrateur pour ce premier chapitre (Loeb a eu la bonne idée d'employer un point de vue différent sur l'ensemble de la mini-série). Jonathan Kent ne sait pas ce que l'avenir réservera, mais il sait au plus profond de lui-même que son fils fera les bons choix. Il y a beaucoup de véracité dans le premier numéro de "For All Seasons" car Jeph Loeb a aussi puisé dans sa propre expérience de père tout en arrivant à retransmettre les émotions véhiculées à l'écran par le "Superman" de Richard Donner. Je pense notamment à une double page qui amène immanquablement en tête les notes de la musique de John Williams. L'été représente une période faste. Superman est devenu en peu de temps le nouveau héros de Metropolis et Jeph Loeb en fait la démonstration par une longue et efficace péripétie qui introduit comme il se doit l'intrépide Lois Lane dans l'action ainsi que l'antagonisme entre Lex Luthor et le Kryptonien. "Eté" est raconté par Lois, dont le point de vue de reporter rend compte à plusieurs niveaux de l'impact de la présence de Superman à Metropolis. L'automne, c'est une saison "intermédiaire", qui peut être belle et douce, mais aussi très rude. Le troisième chapitre illustre cette dichotomie en donnant la parole à Lex Luthor qui fait part de son amour pour sa ville, un amour qui n'est plus partagé depuis l'apparition d'un certain extraterrestre. Suite aux dernières machinations de Luthor, Superman plonge dans le doute. "Automne" débute par les derniers jours ensoleillés et se termine sous une pluie battante, transposition littérale de l'état d'esprit dans lequel se trouve Clark Kent à ce moment-là. Encore une très belle idée de narration. Après une longue nuit, les jours durent de plus en plus longtemps et la lumière reprend son avantage sur les ténèbres. "Hiver" réunit Clark Kent et son amie de longue date, Lana Lang, à qui il avait révélé ses pouvoirs dans leur adolescence, avant de quitter Smallville. Une révélation qui a bouleversé la vie de la jeune femme, narratrice de ce dernier chapitre. Lana connaît parfaitement Clark et c'est elle qui l'aidera à réconcilier les différents aspects de sa vie. Une belle histoire d'amitié pour une très jolie conclusion... "Superman : For All Seasons" est non seulement l'une des meilleures histoires écrites par Jeph Loeb, c'est aussi l'un des plus belles réussites de Tim Sale. Je suis particulièrement impressionné à chaque lecture par les passages à Smallville, le soin apporté aux moindres détails de la ferme, des ruelles de la plus célèbre des petites villes, à ce "General Store" où Clark, Lana et Pete Ross se réunissent pour boire un café ou un milk-shake et où quatre petits vieux continuent la même partie depuis des années. La terre, les habitants; c'est très Andrew Wyeth comme démarche...et les superbes couleurs de l'américain d'origine danoise Bjarne Hansen ajoutent encore plus de charme à la beauté picturale de l'ensemble. "-Ton costume, il est cool ! - Merci. C'est ma maman qui l'a fait !"

En bref

"De nos jours il y a des gens pour l'appeler "L'Homme D'Acier".[...]Mais il y a eu une période, avant cela, où il n'était que le fils d'un homme." Depuis 2010, le scénariste Jeph Loeb est moins présent dans les pages des comics puisqu'il est accaparé par ses fonctions à la tête de la branche télévision de Marvel Entertainment. C'est un monde que Jeph Loeb n'avait jamais vraiment quitté puisqu'il avait travaillé sur les séries télévisées "Smallville", "Lost" et "Heroes" dans les années 2000. Et bien avant sa percée dans la bande dessinée, Loeb a vendu ses premiers scénarios dans les années 80 : on le retrouve ainsi au générique des longs métrages "Teen Wolf" avec Michael J. Fox et "Commando" avec Arnold Schwarzenegger. Grand fan de comics depuis sa prime jeunesse, Jeph Loeb a fait ses débuts chez l'éditeur DC Comics en 1991 par une mini-série sur une co-création de Jack Kirby, les Challengers de l'Inconnu. Un titre qui a marqué sa première collaboration avec celui qui allait devenir son dessinateur fétiche, Tim Sale. Les deux hommes se sont liés d'amitié et les différents projets qui les ont réunis comptent parmi les meilleurs travaux de Jeph Loeb, auteur par ailleurs très inégal mais souvent inspiré lorsqu'il s'agit d'explorer les premières années des héros, qu'il s'agisse de Batman et Superman ou des héros Marvel comme Hulk, Daredevil et Spider-Man à travers des mini-séries nostalgiques d'une grande justesse dans le portrait des personnages. Après le succès de "Batman : The Long Halloween", Loeb et Sale sont passés en 1998 à un environnement plus lumineux, des ruelles sombres de Gotham aux champs du Kansas, en s'intéressant cette fois-ci au plus grand des super-héros. Les histoires de Batman avaient pour thème les fêtes, celle de Superman allait suivre le rythme des saisons, en utilisant chacune d'entre elle comme une métaphore des étapes du récit initiatique. Pour Clark Kent, c'est la fin de l'enfance, le passage à l'âge adulte (cet aspect "coming-of-age" comme disent les américains est devenu l'une des principales inspirations de la série "Smallville") et les interrogations pour trouver sa place dans le monde. Le printemps marque le renouveau. Clark prend de plus en plus conscience de ses pouvoirs alors qu'il ne cesse d'en découvrir l'étendue. Ses réflexions font écho aux pensées de son père adoptif Jonathan qui fait office de narrateur pour ce premier chapitre (Loeb a eu la bonne idée d'employer un point de vue différent sur l'ensemble de la mini-série). Jonathan Kent ne sait pas ce que l'avenir réservera, mais il sait au plus profond de lui-même que son fils fera les bons choix. Il y a beaucoup de véracité dans le premier numéro de "For All Seasons" car Jeph Loeb a aussi puisé dans sa propre expérience de père tout en arrivant à retransmettre les émotions véhiculées à l'écran par le "Superman" de Richard Donner. Je pense notamment à une double page qui amène immanquablement en tête les notes de la musique de John Williams. L'été représente une période faste. Superman est devenu en peu de temps le nouveau héros de Metropolis et Jeph Loeb en fait la démonstration par une longue et efficace péripétie qui introduit comme il se doit l'intrépide Lois Lane dans l'action ainsi que l'antagonisme entre Lex Luthor et le Kryptonien. "Eté" est raconté par Lois, dont le point de vue de reporter rend compte à plusieurs niveaux de l'impact de la présence de Superman à Metropolis. L'automne, c'est une saison "intermédiaire", qui peut être belle et douce, mais aussi très rude. Le troisième chapitre illustre cette dichotomie en donnant la parole à Lex Luthor qui fait part de son amour pour sa ville, un amour qui n'est plus partagé depuis l'apparition d'un certain extraterrestre. Suite aux dernières machinations de Luthor, Superman plonge dans le doute. "Automne" débute par les derniers jours ensoleillés et se termine sous une pluie battante, transposition littérale de l'état d'esprit dans lequel se trouve Clark Kent à ce moment-là. Encore une très belle idée de narration. Après une longue nuit, les jours durent de plus en plus longtemps et la lumière reprend son avantage sur les ténèbres. "Hiver" réunit Clark Kent et son amie de longue date, Lana Lang, à qui il avait révélé ses pouvoirs dans leur adolescence, avant de quitter Smallville. Une révélation qui a bouleversé la vie de la jeune femme, narratrice de ce dernier chapitre. Lana connaît parfaitement Clark et c'est elle qui l'aidera à réconcilier les différents aspects de sa vie. Une belle histoire d'amitié pour une très jolie conclusion... "Superman : For All Seasons" est non seulement l'une des meilleures histoires écrites par Jeph Loeb, c'est aussi l'un des plus belles réussites de Tim Sale. Je suis particulièrement impressionné à chaque lecture par les passages à Smallville, le soin apporté aux moindres détails de la ferme, des ruelles de la plus célèbre des petites villes, à ce "General Store" où Clark, Lana et Pete Ross se réunissent pour boire un café ou un milk-shake et où quatre petits vieux continuent la même partie depuis des années. La terre, les habitants; c'est très Andrew Wyeth comme démarche...et les superbes couleurs de l'américain d'origine danoise Bjarne Hansen ajoutent encore plus de charme à la beauté picturale de l'ensemble. "- Ton costume, il est cool ! - Merci. C'est ma maman qui l'a fait !"

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