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Critique de Conan le Cimmérien #1

par Le Doc le lun. 18 juin 2018 Staff

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"Je suis Bêlit, Reine de la Côte Noire. Ô Tigre du Nord, tu es aussi froid que les montagnes enneigées qui t'ont vu naître. Accompagne-moi jusqu'au confins de la Terre, jusqu'aux confins de la mer. Je suis Reine par le feu, l'acier et le carnage. Sois mon Seigneur." "La Reine de la Côte Noire" tient une place importante dans mon parcours de lecteur. C'est par ce récit que j'ai débuté mon immersion dans l'univers de Conan le Cimmérien, juste avant de voir pour la première fois à la télévision l'opéra guerrier de John Milius qui fit de Arnold Schwarzenegger une star. Cette découverte ne s'est pas faite dans le texte de Robert E. Howard, mais dans l'adaptation qu'en fit Roy Thomas pour les comics publiés alors par Marvel. J'ai encore cet album Arédit, qui reprend les épisodes 57 à 59 de "Conan the Barbarian", même s'il a mal traversé les décennies (en perdant sa couverture), et je l'ai lu à de nombreuses reprises. Il s'est écoulé plusieurs années pour que je commence à lire les nouvelles de Robert E. Howard et j'ai été étonné de découvrir que l'intense histoire d'amour entre Conan et la flamboyante Bêlit n'avait pas survécu aux dernières pages de leur sauvage épopée maritime. Dans les comics, Roy Thomas avait intégré la nouvelle à ses plans pour le titre et Conan était resté le compagnon de Bêlit, la Reine de la Côte Noire, capitaine de la Tigresse qui écume les mers, pendant une quarantaine d'épisodes jusqu'au fatidique numéro 100. Comme l'explique Patrice Louinet, le spécialiste français de Robert E. Howard, dans l'excellent cahier bonus de cette édition, le texan écrivait dans une véritable frénésie et il n'y avait pas de plan chronologique, les repères biographiques ne sont venus que bien plus tard. Les textes se suffisaient à eux-mêmes, ils ne se faisaient pas suite et abordaient des périodes différentes de la vie tumultueuse du Cimmérien sans que cela gêne la lecture. La nouvelle collection "Conan le Cimmérien" des éditions Glénat a pour but de coller au plus près aux textes originaux, interprétés par de nombreux auteurs de la scène franco-belge. Pour le premier tome, c'est Jean-David Morvan, le co-directeur de la collection avec Patrice Louinet, qui s'y colle, avec Pierre Alary aux dessins. Je dois l'avouer, je ne suis pas un grand lecteur de franco-belge (pas par désintérêt, hein), mais je connaissais déjà le travail de Pierre Alary pour avoir lu les premiers tomes de ses séries "Belladone" et "Sinbad" en feuilleton dans la revue "Lanfeust Mag". Et même si j'avais apprécié ces deux titres, j'avais tout de même quelques doutes sur l'association de son style avec le personnage de Conan. Doutes envolés à la lecture de cet album : c'est bondissant, dès la deuxième page les cases s'enchaînent avec une énergie farouche et il y a de très belles compositions, dans la furie écarlate des combats comme dans les moments les plus intimes. J'ai quand même une petite réserve : la Bêlit de Pierre Alary n'arrive pas pour moi à la hauteur de celle de John Buscema, qui a marqué au fer rouge mon imaginaire après des décennies de lecture de comics Marvel. Comme je l'ai déjà écrit plus haut, ce n'est pas la première adaptation de "La Reine de la Côte Noire". Il y a eu celle de Roy Thomas, Mike Ploog et John Buscema pour Marvel et celle de Brian Wood et Becky Cloonan pour Dark Horse (que je n'ai pas lue). Celle de Jean-David Morvan est donc la seule qui propose une transposition fidèle du texte de Robert E. Howard. Ses choix de narration sont intéressants, la mise en scène du percutant prologue en fait partie, pour un ensemble qui ne manque pas d'efficacité. Des articles de Patrice Louinet, des croquis de Pierre Alary et une galerie d'illustrations complètent cette très bonne entrée en matière pour la collection "Conan le Cimmérien" de Glénat. "Je ne sais qu'une chose : si la vie est une chimère, alors moi aussi j'en suis une ; par conséquent, l'illusion est réelle pour moi. Je vis, je brûle de l'ardeur de vivre, j'aime, je tue et cela suffit à mon plaisir."

En bref

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