Rarement on aura vu un anime aussi parfait sous tous les points de vue. Lorsque l'on commence le premier épisode, on se demande si on ne va pas vivre un remake de Roméo et Juliette, avec une fade histoire d'amour impossible coincé dans une guerre des clans, Iga ontre Kuga, tout comme les héros shakespeariens étaient coincés entre les Capulet et les Montaigus. Mais c'était sans compter sur le génie artistique et scénaristique de Kizuki Fuminori qui réussit à nous plonger dans un Japon de l'ère Edo presque parfaitement reconstitué, avec des détails d'une rare perfection pour toute personne un tant soit peu intéressée par la culture et l'Histoire japonaise, tout en réussissant le tour de force de nous plonger en plein dans le surnaturel. C'est une véritable légende au sens propre du terme qu'il met à l'écran. De plus, avec une intrigue qui se complexifie, le refus systématique du manichéïsme donne une profondeur rare aux personnages et à leurs sentiments. Par ailleurs, je voudrais m'opposer à la critique selon laquelle la fin est connue. Certes, la fin semble évidente dès le premier épisode, mais c'est une caractéristique typique que l'on retrouve dans de nombreuses tragédies, comme celles de Racine. Réussir à nous tenir en haleine alors que tout est joué d'avance, c'est un tour de force digne des plus grands maîtres de la littérature et du cinéma. Seule ombre au tableau, la musique, où le rock parfois trop hard est en décalage trop flagrant avec le récit. Voilà donc une oeuvre qui en mêlant sublime et monstrueux, et grâce à un scénario rôdé, bien réparti par rapport au manga original, séduira un public plutôt adulte, mais aussi bien les intellectuels élitistes que le grand public. Un chef-d'oeuvre dont on ne sort pas indemne.