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Critique de Achille et la tortue

par Kazuyuki Asai le mar. 27 août 2013 Staff

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Le réalisateur conclut sa « trilogie artistique » avec ce petit chef d’œuvre dramatique. Comme à chaque fois, la mise en scène est soignée, dépouillée et on se retrouve en plein cœur de l’art avec un grand A (qui rappelle parfois Hana-Bi). Tableaux en tout genre vont se succéder peint par un unique homme dans toute sa vie. C’est coloré et plein de bonne volonté, chaque toile va susciter en nous diverses interrogations. On suit donc l’entière vie de Machisu, un peintre au talent inné, doué mais malchanceux par excellence, n’arrivant pas à vendre ses toiles. Il est interprété par Takeshi Kitano et Yurei Yanagi au top tous les deux, buté et bien décidé à révolutionner le monde de l’art. Accompagné sur la fin de sa vie par sa femme artiste elle-aussi mais bien moins extravagante joué par Kanako Higuchi. Le casting est convaincant quelle que soit l’époque de sa vie dans laquelle on se trouve. Sa vie n’est d’ailleurs pas des plus drôles et sera ponctué de morts prématurées et tragiques dans ses proches. C’est de cette manière que va être abordé l’affection particulière que certains artistes ont envers la mort et leur envie de toujours se trouver au plus près d’elle, presque réussir à la peindre finalement. On entre dans une ironie noire, très dure comme lorsqu’il décide de se noyer pour peindre mieux. Beaucoup de séquences invraisemblables durant la création des tableaux, drôles sur le moment mais finalement dramatiques. Les personnages sont obsédés par cette recherche de l’art ultime. On est littéralement soufflé par la puissance des enjeux et touché par la passion dangereuse du héros et de ses agissements assez bizarres. Le scénario avance donc toujours plus tragiquement, la mort ne cessant de fasciner Machisu et critique en même temps le marché de l’art (lorsque le vendeur critique incessamment les œuvres du pauvre héros n’arrivant même plus à se payer des pots de peinture). Le réalisateur offre ici, une vision de la condition d’artiste forte, un poil drôle mais surtout déprimante (même si se terminant sur une note enthousiaste). Un chef d’œuvre dépeignant l’art avec finesse et justesse que tout cinéphile se doit de voir.

En bref

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