Avant dernière œuvre du très grand réalisateur américain, ce film n’en demeure pas moins une perle rare et intelligente. Il se dote d’un casting moins prestigieux que dans ses précédentes réalisations mais pas moins talentueux. On pourra donc apprécier les prestations de la belle et (encore) jeune Marthe Keller incarnant une star du cinéma désormais retraité dont on loue l’apparence si soignée et jeune. William Holden jouera un scénariste ambitieux et romantique, prêt à tout pour avoir Fedora dans son film. Le reste du casting est du même niveau que ce duo séducteur et ne peinera pas à nous convaincre. Le récit qui ressemble au départ à une sorte de retrouvailles amoureuses mais aussi professionnelles entre une actrice et un scénariste va bien vite changer de cap et tourner à un drame prenant et réaliste. Fedora semble inaccessible et notre héros va devoir pour cela affronter de terribles secrets afin de la rencontrer. Le scénario décrit avec justesse le système hollywoodien de l’époque en ce qui concerne les actrices mises sur un piédestal. Il expose aussi avec une fougue démentielle l’éternelle quête des femmes pour un corps toujours aussi vif et jeune qu’à leurs vingt ans. Que ne ferait-on pas pour garder notre gloire passée ? C’est à cette question que va répondre le film avec une dureté sans pareille. Si on se doutait de la supercherie avant qu’elle soit dévoilée, on n’en est pas moins surpris par des révélations parallèles qui seront nous émouvoir et nous toucher juste ce qu’il faut. La vérité tombe un peu vite et un peu facilement mais la puissance qu’elle dégage est effarante. On est divisé entre les honneurs que cette femme a reçus et l’horreur de la vie qu’elle a vécue. Ce n’est certes pas l’œuvre la plus prestigieuse du réalisateur ni la plus mémorable, cependant elle reste bien au-dessus des standards et mérite qu’on y jette un coup d’œil ou deux. Très plaisant !