Amateurs de scénarios à tiroirs, sautez sur ce film! Le film commence avec un jeune orphelin de 12 ans, Simon, à qui l'on n'a pas tout dit sur ses parents et leur mort. Dans son esprit, il reste beaucoup de place aux questions. Ajoutons à cela un grand-père qui visiblement n'appréciait guère son gendre et qui l'accuse volontiers d'avoir tué sa fille. Forcément, pour Simon cela constitue une porte dans laquelle s'engager. Saupoudrons le tout d'une professeur de français ayant perdu toute sa famille dans un attentat au Liban qui choisit de faire traduire une histoire à ses élèves sur un homme leurrant sa femme en lui posant une bombe dans son sac de voyage pour prendre l'avion. La rencontre de tout cela va créer un énorme buzz. Simon va s'engouffrer dans cette brèche et romancer la mort de ses parents faisant de son père un terroriste en puissance ayant abusé de sa crédule et innocente mère. La prof de français, également prof de théâtre, décide de lui faire raconter cette histoire à la classe comme exercice de jeu. Mais très vite, mensonges et vérités ne se distinguent plus et Internet, ce média qui va à toute vitesse, rentre dans l'histoire. La prof de théâtre perd le contrôle et Simon continue à jouer. A tel point que le spectateur que nous sommes ne sait plus qu'elle est la vérité, la réalité. Il faudra un passage purgatoire où Simon brûle le téléphone portable, cet écran ayant enregistré le grand père accusateur, pour accéder à une vérité et faire exploser les non-dits. Les langues finissent par se délier pour combler le manque de Simon mais il ne s'agit que d'une vérité, nous ne saurons jamais si c'est la bonne. Dans cette réalité dévoilée, la mort des parents de Simon est d'une banalité déconcertante, Atom Egoyan choisit même de la rendre la plus simpliste possible, nous livrant un accident en carton pâte. Quelle belle façon de nous montrer que dans la tête d'un adolescent la plus petite broutille non explicitée dans son ensemble peut prendre des allures de feuilletons. Finalement, qu'est ce qu'il y a dans Adoration ? Un accident de voiture banal comme il y en a des centaines tous les jours, des scènes dont l'enfant se souvient, toujours les mêmes, et des adultes livrant leurs discours sur le passé. Les scènes de souvenirs changent de sens au fur et à mesure que les vérités se dévoilent pour nous montrer que l'image ne peut être considérée comme une vérité en tant que telle puisque chaque spectateur lui applique un discours différent.