Inspiré du célèbre roman éponyme, ce drame romantique est ancré profondément dans une mentalité anglaise, bien loin d’Hollywood. Décrivant l’histoire d’amour illégitime entre un écrivain et une fillette de 14 ans, le sujet a de quoi faire polémique mais est ici abordé avec beaucoup de prudences et de retenu, laissant surtout place à l’implicite et l’imagination. Cependant tout fascine, à commencer par leur relation bien évidemment mais aussi et surtout les relations qu’ils entretiennent avec les autres, comment font-ils pour dissimuler leur amour l’un envers l’autre… Car avant toute chose, le film conte le destin de personnages malheureux qui ne trouveront jamais l’âme sœur. Les acteurs son sublimes. James Mason en écrivain studieux et passionné, fou d’amour pour la jeune Sue Lyon, lycéenne en quête de dévergondage, d’amitié, d’amour un poil impertinente. Bien que ce duo nous séduira aisément c’est assurément Peter Sellers, un louche personnage successivement psychologue, journaliste et artiste probablement pervers ; et Shelley Winters en veuve esseulée, désespérée tombant amoureuse du premier venu et espérant pouvoir rester éternellement dans les bras de son amant. Le casting impressionne par sa véracité, ses expressions et leur implication entière dans leur rôle. Le récit est des plus tristes, chaque personnage naviguant de déceptions en désespoirs. On éprouve véritablement de la compassion pour ces protagonistes qui tente d’accéder un tant soit peu au bonheur amoureux et à l’épanouissement de leur sentiments. Une véritable épopée où les relations humaines vont être mises à nu pour nous montrer leur pire côté. On est pris dans le flot de révélations et on apprécie la déchéance de personnages qui vont se mentir du début à la fin. Seul la mère est réellement sentimentale et honnête. On est emporté dans cette fable déroutante où les apparences ne sont pas ce qu'elles sont. Romantique, dramatique et incroyablement prenant, le scénario de Lolita sera nous emporté au plus profond des émotions humaines là où l'empathie n'a pas sa place.