Poetry est le genre de film posé, doux et dramatique à la fois. On suit le quotidien de Mija, une grand-mère élevant seule son petit fils et vivotant tranquillement dans une petite ville. Si le synopsis n’envoie pas forcément du rêve, le récit est pourtant captivant puisque de nombreux événements tragiques vont prendre lieu dans cette petite ville et notamment le suicide d’une collégienne préalablement violé par des «camarades». Ce qui est génial c’est le brio avec lequel le réalisateur réussit à suggérer, à présenter le drame, l’horreur sans jamais le montrer réellement à l’écran. La vie semble peu à peu accabler cette vieille femme qui pour s’échapper s’inscrit à un cours de poésie pour apprendre à composer enfin un vrai poème. Elle fait face tant bien que mal à ses problèmes et essaie d’arranger tout même si ce tout la désastre. Jeong Hie Yun jouera le rôle de cette grand-mère avec justesse et réalisme. Elle reste simple, charmante, attachante, bute sur quelques mots et surtout représente la femme coréenne type dans la société actuelle. Ses manières, sa façon de s’exprimer, de ne pas dévoiler ses sentiments,… tout semble si poétique. Les autres acteurs seront aussi convaincants. La BO n’est pas magnifique mais elle soutient parfaitement les images et ce qu’on appréciera c’est d’entendre les bruits environnants, la nature, l’été, les clapotis de l’eau. Il est certainement émouvant de voir comment cette femme va se débrouiller face à une situation plus qu’inconvenante. La corruption est au cœur du récit, elle sera étouffer l’affaire. Les émotions des protagonistes seront refoulées. N’arrivant pas à s’exprimer, elle finira par écrire un unique poème contenant toute sa compassion, tous ses sentiments avant que le drame se termine dans une fin ouverte, nous suggérant le pire. Une surprise tragique et harmonieuse.