Sublime mélodrame gay que ce film soigné et dépouillé. La réalisation est en effet particulièrement raffinée, renfermant des jeux de couleurs astucieux mais aussi et surtout une atmosphère sensuelle implicite insupportable. Le personnage principal est entouré de noir et blanc et évolue dans des nuances de grey, ternes et sombres, ce n’est que lorsqu’il est au contact de certaines personnes qu’il s’illumine littéralement et que la photographie reprend quelques couleurs (chaudes le plus souvent). Seul point noir de cette mise en scène : des éléments presque comiques ne peuvent clairement pas être accepté dans un drame de cet acabit et dénote avec l’ambiance. Cependant, il sera oublié par ces gros plans sur les corps et visages des protagonistes apportant proximité et dévoilant l’intimité. Le casting aussi efficace qu’impressionnant. Colin Firth, parfait en professeur d’université gay, désespéré à la mort de son conjoint joué par Matthew Goode. Julianne Moore, une de ses seuls amis, vivant dans le passé et la nostalgie de leur ex-relation. Le reste des acteurs livrent des performances tout à fait acceptables. La BO est elle aussi merveilleuse, portant des morceaux prenants, poignants et des airs mélancoliques. Réflexion sur l’accrochement au passé et sur la peur d’être seul, le récit dépeint un petit bout de vie d’un homme ayant perdu l’amour de sa vie dans une époque où l’homosexualité est encore taboue. Déprimé, un peu suicidaire, il cherche à retrouver goût au présent, à ne plus être prisonniers de ses souvenir. Il évoque cela notamment avec son amie divorcé, apeurée de vieillir et de rester elle-aussi obnubiler par ses anciennes relations. On s’attache tout de suite à ces personnages aussi réalistes et proches de nous que possible. La psychologie du héros est parfois confuse ce qui est dommage. Emouvant mais ne tombant jamais dans le niais ou la romance, ce drame en puissance ne pourra vous laisser indifférent. Un incontournable !