Le réalisateur signe ici un drame singulier, puissant de réalisme et d’audace. A l’instar de Prend l’argent et tire-toi, le film se présente sous la forme d’un long documentaire sur la vie de Suzanne Stone, accusée du meurtre de son mari. Chaque témoin apporte son point de vue sur l’affaire, sur ce qu’il a vu et sur ce qu’il ressent. L’accusée prend aussi le temps de se présenter et de démentir les faits avec une force de persuasion énorme. Tout le long du documentaire, nous sont présentées les séquences de vérité : ce qui s’est vraiment passé et que seule Suzanne sait. La diégèse est très plaisante, innove et promet quelques surprises. Les acteurs livrent des performances à couper le souffle : Nicole Kidman porte le film sur ses épaules, belle femme fatale qui sait manipuler les hommes à sa guise, on tombera sous son charme rapidement malgré les mauvais côtés de son personnage. Le reste du casting est bon, Matt Dillon joue son mari soumis, Casey Aflleck fait ses débuts dans un rôle d’ado défavorisé aux côtés de son médiocre ami Joaquin Phoenix qui peinera à nous convaincre. Le récit présente donc les machinations d’une femme prête à tout pour devenir une icône des médias, une présentatrice télé et rien ne pourra l’empêcher de réaliser son rêve. Et quand son mari commence à s’opposer à l’une de ces décisions, rien ne va plus et elle va user de son aura sympathique pour faire tourner la situation à son avantage. Globalement le récit suit une trajectoire prévisible mais arrive tout de même à nous surprendre par moments et offre une fin totalement originale que le développement ne laissait présager. Le scénario rapporte aussi l’importance des médias (la télévision surtout) dans l’esprit des américains et l’idéalisation qu’ils en ont car passer à la télé c’est une envie que chacun a déjà eu une fois. Un drame prenant prouvant encore une fois le talent de son actrice principale.