Le grand réalisateur américain signe ici un film au cœur de la France durant la première guerre mondiale. On fait peut-être les fines bouches mais il faut l’avouer, Kubrick nous a habitué à bien mieux, surtout en matière de film sur la guerre avec Full Metal Jacket. Du coup bien que recelant de qualités, ce film peinera à nous captiver (pour ne pas dire qu’on aura parfois envie de piquer du nez tellement l’intrigue est distante de nous). Pourtant la mise en scène est bonne, présentant parallèlement des officiers au front, sur le no man’s land, dans les tranchées, la peur au ventre et des généraux français bien lotis dans leurs palais et dirigeant avec une fureur et une fougue démesurée cette guerre. On se sent vraiment bien à l’époque de cet affrontement franco-allemand, au milieu du désespoir des hommes partis combattre. Le casting est très bon, même Kirk Douglas que je n’aime pas particulièrement m’a touché, je crois qu’il réussit à sourire à la fin du film (une rareté) et livre une bonne performance en colonel devant résoudre un dilemme bien embêtant. Le reste des acteurs convaincra sans problème en particulier Adolphe Menjou en général sadique et impitoyable. L’intérêt principal du film réside dans sa critique impitoyable de la guerre, condamnant avec véhémence les conseils de guerre jugeant partialement les hommes pour des « crimes » de manière inhumaine. Dénonçant l’horreur de la guerre mais aussi cet acharnement qu’ont les généraux envers la victoire, préférant sacrifier des centaines d’hommes pour gagner un bout de terrain. Toute l’ignominie de la guerre du côté français est exposée au grand jour avec une force certaine mais un manque de profondeur dans le drame. On a du mal à s’attacher aux personnages principaux (assez nombreux) et à compatir de leur sort. Le récit se conclut sur un morceau d’espoir, émouvant démontrant l’immense talent du réalisateur (encore caché). A voir, surtout pour se rendre compte des atrocités commises du côté français durant la guerre.