9

Critique de Tel père, tel fils

par Kazuyuki Asai le jeu. 10 oct. 2013 Staff

Rédiger une critique
Primé à Cannes, le réalisateur japonais travaille de nouveau sur le thème de la famille dans un drame excellent et émouvant. Si dans I wish, il voyait une famille se briser du point de vue des enfants, ici c'est le point de vue uniquement des parents qui seront exposés et plus précisément d'un père de famille. Même si le propos n'est pas très original on est touché en plein cœur par le destin tragique de ces deux familles. Le cinéaste aime filmer des enfants, des grands espaces et des dialogues rapprochés et piquant afin de capter les émotions au plus proche. La mise en scène est raffinée: on passe d'une demeure huppée à une maison de campagne modeste en un clin d'œil mais les décors restent toujours harmonieux. Le casting est des meilleurs. D’un côté le cinéaste trouve de talentueux acteurs enfants qui seront nous toucher par l’innocence mais aussi par leurs mots directs, on saluera donc les petits Shogen Hwang et Keita Ninomiya. Mais c’est surtout les parents qui vont nous convaincre, Masayuki Fukuyama joue parfaitement son rôle de père occupé, faisant passer son travail avant sa vie de famille mais ne la délaissant pas pour autant. Machiko Ono est ici sa charmante épouse éduquant leur fils dans la plus bourgeoise des traditions. De l’autre côté c’est Yoko Maki et Lily Franky qui joueront un couple plus modeste, ne roulant pas sur l’or mais ayant une vie familiale heureuse et accomplie. C’est alors que la tragédie se produit, leurs fils ont été échangés à la maternité et il va falloir les remettre dans leur bonne famille. Etonnés, choqués, énervés, les protagonistes vont passer par toutes les émotions avant de se stabiliser et essayer de résoudre à l’amiable se dilemme des plus dérangeants. Le récit se concentre davantage sur le père issu d’un milieu bourgeois. Couvert de honte d’avoir élevé un fils qui n’est pas le sien, il essaie de cacher son étrange déception lorsqu’il voit que son fils véritable n’est pas aussi doué et brillant qu’il le voudrait. En effet ce dernier ne ressemble pas tellement à ce qu’il attendait. Les familles se rapprochent peu à peu, par intérêt pour les enfants et se critiquent implicitement sur la façon d’éduquer leur progéniture. Les sentiments de chacun sont mis à nu et dévoiler aux grands jours, les personnages vont peu à peu éclater et laisser sortir ce qu’ils ont sur le cœur mais tout en restant très propre sur eux. On est complétement emporté dans l’intrigue et on compatie volontiers quant au destin dramatique de cette famille qui voit s’effondrer ses rêves. Tout le monde se remet en question, comment une telle erreur a-t-elle pu se produire ? Les réponses arriveront mais ne satisferont pas pleinement le spectateur. La fin est incroyablement ambiguë et si on perçoit une pointe d’happy end, on ne peut s’assurer d’une conclusion heureuse. Finalement qui n’est pas capable d’aimer un enfant quel qu’il soit ? Un des meilleurs films du réalisateur qui sublime la valeur des sentiments humains et les liens familiaux dans un drame des plus beaux et tristes qui existent.

En bref

Kore Eda mérite son prix du jury cannois avec ce drame d'une qualité exceptionnelle où tout intéresse et passionne.

9
Kazuyuki Asai Suivre Kazuyuki Asai Toutes ses critiques (611)
Boutique en ligne
9,47€
Boutique en ligne
9,47€
Boutique en ligne
9,47€
Laissez un commentaire
Commentaires (0)