Attiré par une couverture qui en jette, j'ai craqué sur le premier tome de ce manga qui sortait de mon budget moyen mensuel... Il faut dire qu'une édition aussi propre (magnifique couverture comme je le disais précédemment, premières pages en couleur, et traduction digne de ce nom) on n'en voit pas tous les jours! Une édition qui, par ailleurs, justifie tout à fait son prix selon moi(7€90), même si elle se lit plus rapidement qu'on pourrait le penser de prime abord. Un détail a été déterminant pour l'achat de ce tome, mais quel détail: un petit TORU FUJISAWA écrit en blanc au dessus du titre. Quel plaisir de retrouver la patte de cet artiste qui fait l'unanimité auprès des amateurs de jolis crayonnés! Dans cette œuvre, le maître atteint un très haut niveau, même s'il n'est ici plus question de contorsionner les visages comme il savait si bien le faire dans GTO! Ou du moins, les distorsions n'ont plus du tout le même but! Cette fois, les traits sont bien plus tendus, et les expressions des personnages principaux se veulent bien moins joyeux que dans d'autres titres du Monsieur. Et pour cause: on passe ici du shônen complètement délirant au seinen gore et "macabrement" glauque, et il n'est plus ici question de rigoler: la planète est menacée par des créatures venues des enfers, qui massacrent les humains et se propagent par le biais d'une contamination transformant les habitants de Tôkyô en pseudo-zombies. Ainsi, Shindô, notre jeune héros policier, se voit confronté à d'étranges évènements qui vont lui permettre de comprendre progressivement le drame de la mort de ses parents et de tous les habitants de son immeuble alors qu'il était jeune. Le lecteur se retrouve ainsi très rapidement propulsé dans une histoire prenante comportant des zones d'ombres sensées se révéler au fur et à mesure. Malheureusement, alors que le deuxième tome se clôt sur le-passage-qui-donne-absolument-envie-de-lire-la-suite, le troisième tome bouleverse tout en nous proposant d'autres protagonistes au menu, ayant eux aussi survécu au massacre de l'immeuble cité plus haut. Ce revirement du scénario étant perturbant au début passe relativement bien après la lecture de quelques pages, mais la série s'étant brusquement arrêté lors de sa prépublication au Japon et ne comportant donc que trois tomes, nous n'auront tristement pas la chance de connaître la suite du scénario imaginé par Tôru. Une autre critique qu'on pourra émettre de cette série inachevée, plus dérangeante cette fois concerne l'ambiance générale du manga: on assiste ici à de véritables boucheries qui manquent trop souvent d'âme. Logique me direz-vous, lorsqu'on parle de démons venus de l'enfer, mais moins appréciable lorsqu'on parle d'un manga de Fujisawa. Il est ici dur pour le lecteur de ressentir des émotions fortes qui pourraient avoir lieu en lisant un tel manga (un peu de suspens, ou de stress...). Or ici, ce n'est résolument pas le cas. Mais ne crachons pas sur l'œuvre qui selon moi faisait plus office d'essai que de projet ambitieux. En bref, ce manga violent que je classerais comme "curiosité assez sympathique" comporte malgré tout les éléments essentiels d'un seinen dit "d'horreur": des monstres tout pas beaux, des victimes, des policiers et des enquêtes, et reste extrêmement frustrant de par sa fin brusque (ou pas...?) qui ne nous laisse pas savourer pleinement un scénario qui s'annonçait assez intéressant... Dommage !