Rien à voir avec un conte de fées qui réuniraient deux êtres d'origines différentes, une princesse indienne et un colon anglais. Non, rien à voir. Loïc Locatelli Kournwsky fait le choix de la biographie graphique pour une évocation réaliste de la colonisation aveugle et meurtrière, d'une lutte pour la Liberté perdue d'avance. Il allie à son récit un trait minimaliste presque nerveux, révolté, insoumis, libre, fort. Un trait à l'image de Mataoka qui se verra affublée par les siens du pseudonyme de Pocahontas (petite dévergondée) parce qu'elle a daigné accorder à un colon anglais de la curiosité, de l'intérêt, de la confiance, de l'amitié, de l'amour... Entre deux mondes, elle devra, pour sauver les siens d'un génocide évident, avertir de leur attaque imminente et se contraindre ainsi à l'exil. Des couleurs à l'image de la vie de cette apatride qui malgré son nouveau patronyme ne se voit accorder par les anglais que de la curiosité amusée associée à un dédain écœurant. Pocahontas, c'est l'histoire d'une femme emplie d'humanité qui pense que les hommes, quelles que soient leurs origines ethniques, peuvent cohabiter, s'entendre, fraterniser. Mais Pocahontas dénote dans cette époque hostile.