Chronique : Shaun le mouton

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Shaun est un petit mouton futé qui travaille, avec son troupeau, pour un fermier myope à la ferme Mossy Bottom, sous l’autorité de Bitzer, chien de berger dirigiste mais bienveillant et inefficace. La vie est belle, globalement, mais un matin, en se réveillant, Shaun se dit que sa vie n’est que contraintes. Il décide de prendre un jour de congé, avec pour cela un plan qui consiste à endormir le fermier. Mais son plan fonctionne un peu trop bien et il perd rapidement le contrôle de la situation. Une chose en entraînant une autre, tout le troupeau se retrouve pour la première fois bien loin de la ferme et plus précisément : dans la grande ville. Mais comment un mouton peut-il survivre en ville ? Comment éviter d’être reconnus comme étant des moutons, et donc éviter les griffes acérées de Trumper le terrifiant responsable de la fourrière ?

Titre : Shaun le Mouton

Titre original : Shaun the Sheep

Sortie en France : 01/04/2015

Réalisateurs : Mark BURTON ,  Richard STARZAK 

 

 

Qui est Shaun ?

Shaun le Mouton fait ses débuts dans le troisième court métrage de Wallace et Gromit en 1995. Intitulé « Rasé de près », celui-ci remportera l’Oscar du meilleur court-métrage d’animation en 1996.

Si Wallace et Gromit allaient connaître encore une fois un grand succès avec un long métrage en 2005 (Wallace et Gromit et le mystère du Lapin-Garou – Oscar du meilleur film d’animation) et un court métrage en 2008 (Sacré pétrin – BAFTA du meilleur court métrage), Shaun le Mouton avait un avenir un peu plus incertain.

Mais en 2007, Nick Park, le papa de Wallace et Gromit, décide de mettre au point le come-back du mouton avec une série TV aux épisodes de format court (environ 7 minutes) et qui se détachent complètement de l’univers de Wallace et Gromit. La série est alors réalisée par Richard Starzak et Christopher T. Sadler. Toujours d’actualité, cette série connaît un grand succès (diffusée sur TF1 et sur France Télévision en France) et en voir un film dérivé sur grand écran est tout à fait logique !

Pour ce nouveau long métrage des studios Aardman, nous retrouvons Richard Starzak à la réalisation, ainsi que Mark Burton, également à la réalisation, mais aussi au scénario. Ce dernier avait auparavant travaillé sur le scénario du Mystère du Lapin-Garou ou encore Madagascar.

 

 

So british…

Shaun le Mouton est un film intégralement sans dialogue ! Cela peut évidemment comporter un risque mais le film fait le pari de reposer uniquement sur un comique de situation. Le film est donc truffé de gags visuels saupoudrés d’humour bien anglais. Et ça marche ! Le film est très drôle et on rigole assez souvent.

Le public visé est principalement la jeune population. Les enfants rigolent facilement des blagues présentées dans le film. Mais les moins jeunes ne sont pas délaissés. Bien sûr, en tant qu’adulte, on s’amuse volontiers des situations burlesques comme les enfants (il n’y a pas de mal à se faire plaisir) mais le film présente également de nombreuses références qui parleront peut être moins aux gosses.

Bon évidemment, il y a une histoire derrière. Même sans dialogue, elle est facile à comprendre, touchante et … très drôle. Alors quelle plus-value par rapport à la série ? Et bien passer d’un format de 7 minutes à 1h25, ce n’est pas si difficile que ça pour un personnage comme Shaun. Alors faire un format très court, c’est bien, mais on sent que les créateurs voulaient aller plus loin, voulaient partir dans un délire encore plus profond. Ce film leur a permis de s’éclater et de délirer sur des situations impossibles à retranscrire en 7 minutes. Le film ne se contente pas d’une série de sketchs (qui peut parfois être un piège pour les formats courts – cf le film « Oggy et les Cafards ») et offre un épisode version longue d’excellente qualité.

 

 

 

La pâte à modeler

Aujourd’hui, prendre de la pâte à modeler (entre autres matériaux, silicone et latex notamment, le tout soutenu par un squelette métallique) pour confectionner un film en stop motion peut paraitre dépassé. Après tout, les premiers Wallace et Gromit, c’était il y a plus de 20 ans. Et bien force est de constater que c’est heureusement l’inverse qui se produit. Plus le temps passe, plus le studio gagne en maturité et en technique. L’animation stop motion est de plus en plus fluide.

En revanche, c’est du boulot, beaucoup de boulot. Pour donner quelques chiffres : une journée de travail pour une seconde de film (12 images par seconde) ou encore 3000 bouches différentes ont été créées au total pour les personnages du film (un comble pour un film sans dialogue).

Au niveau du rendu, on est très loin du premier court métrage de Wallace et Gromit, « une grande excursion », où on pouvait voir apparaître certains défauts comme les traces de doigts sur les personnages. Le studio Aardman a su s’améliorer au fil des films pour arriver à un résultat totalement lisse (quoique ce fût déjà le cas pour les longs métrages post Chicken Run). Les personnages sont bien exécutés, que ce soit au niveau des proportions ou de l’aspect cartoon.

Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le numérique n’a absolument pas été utilisé pour effacer les défauts (en dehors des effacements de perches ou fils pour faire tenir certains éléments).

 

 

Aardman, l’art qui prend forme

Pour finir, je profite de cette critique pour vous faire part d’un évènement à ne pas rater. En effet, le musée Art Ludique, à Paris, propose depuis le 21 mars 2015 et jusqu’au 30 août 2015 une exposition exceptionnelle : « Aardman, l’Art qui prend forme ». Si Aardman ne vous dis rien, ses réalisations vous parlerons peut être plus : « Wallace et Gromit », « Chicken Run », « Shaun le Mouton » ou encore « les Pirates, bons à rien, mauvais en tout ». Bref des merveilles d’animations avec un procédé quasi unique au cinéma pour l’animation : le stop-motion (image par image).

Le musée dévoile les coulisses de ce studio de renommée internationale qui a réussi à se démarquer des mastodontes de l’animation que sont Disney ou encore Dreamworks en proposant un contenu différent. Au programme : des dessins préparatoires, des vidéos, des explications sur la réalisation des films et du stop-motion ainsi que des maquettes et décors impressionnants (dont un bateau de pirates de plus de 4m de long) et des personnages utilisés pour  les films réalisés. Ah et puis vous pourrez aussi admirer un Oscar, un vrai de vrai, gagné en 1989 pour le meilleur court métrage animé avec « L’avis des animaux ».

Après nous avoir émerveillés avec une première exposition sur Pixar, une deuxième sur Marvel, une troisième sur le studio Ghibli, cette quatrième exposition sort de l’ordinaire et nous offre une approche complètement différente de l’animation. A noter que même les plus jeunes pourront trouver ça intéressant.

Donc si vous habitez Paris ou à côté et que vous vous intéressez un minimum à l’animation, au stop-motion ou encore au modélisme, n’hésitez pas !

 

 

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