Chronique : Masked Noise T.1

Auteure phare des éditions Glénat, Ryoko Fukuyama est déjà bien connue en France pour ses séries Nosatsu Junkie et Monochrome animals. Toujours en cours avec 9 tomes à son compteur, ses fans vont être ravis de pouvoir découvrir sa toute dernière série en date. Que se cache-t-il derrière cette couverture aux couleurs bien flashy? 

Quand je chante avec lui…je suis invincible

Enfant, Nino adore chanter avec son voisin Momo. Son quotidien n’étant pas toujours facile, elle trouve refuge dans le chant. Complices et très proches, Momo et Nino chantent à tue-tête afin de se sentir plus fort et se libérer de leurs inquiétudes. Malheureusement, Momo est obligé de déménager subitement et Nino se retrouve toute seule. Une séparation bien difficile à encaisser pour la petite fille qui va déprimer et même finir par perdre l’envie de chanter. Jusqu’au jour où elle va faire la rencontre d’un jeune compositeur de talent qui va lui redonner espoirs. Nino retrouve l’envie de chanter grâce à ses mélodies et reprend ainsi goût à la vie. Cependant, lui aussi finit par disparaitre mais Nino décide cette fois-ci de continuer à chanter dans l’espoir de retrouver ses amis. Son vœu sera-t-il exaucé ?

C’est une bonne idée de la part de l’auteur de nous faire découvrir Nino à travers plusieurs périodes de sa vie. La partie consacrée à sa petite enfance est vraiment touchante et permet de vraiment comprendre ce que représente le chant pour elle. En plus, on a tous été marqué par une amitié dans notre enfance, c’est pourquoi celle de Nino et Momo trouve facilement écho auprès du lecteur. C’est une relation sincère et forte que l’auteur nous dépeint en à peine quelques pages grâce notamment à cette belle promesse que vont se faire ces deux amis d’enfance.

Le récit est donc assez rythmé puisque l’auteur choisit de nous raconter l’histoire depuis le début et passe de la petite enfance au lycée en l’espace d’un tome. Les personnages principaux ont donc un passé commun et c’est justement ce qui va donner du poids à leurs sentiments par la suite. J’ai particulièrement aimé la rencontre avec Yuzû qui était chargée en émotions et donnait l’occasion à nos deux jeunes héros de laisser exploser leurs sentiments refoulés. Malgré son jeune âge, ce dernier possède déjà l’âme torturée qui caractérise les compositeurs passionnés par leur art et fait de lui un personnage immédiatement envoûtant. Ce passage nous aura également permis de comprendre que les personnages ont tous un lien différent avec la musique, c’est l’un des aspects les plus intéressants de la série et on espère que l’auteur le développera encore par la suite. Mais ce qui m’a le plus interpellé, c’est cette façon de briser brutalement l’harmonie qui s’installe entre les personnages et de mettre ainsi à rude épreuve notre jeune héroïne. Une bonne façon de garder l’attention du lecteur et de nous offrir déjà des moments forts.

 

Un premier tome sans fausse note ou presque…

On comprend toute de suite que la musique va servir de fil conducteur et avoir une place importante au sein du récit. Assister à la naissance de nouveaux artistes est un sujet qui m’intéresse particulièrement et l’auteure réussit ici à retranscrire de façon convaincante ce lien spécial que nouent les artistes avec la musique. Masked noise commence fort et on se laisse facilement emporter par l’univers qui s’offre à nous. 

Les séries avec la musique comme thématique centrale plaisent en général et attirent les lecteurs. Tout simplement parce qu’elle est universel et rapproche les gens. Elle permet d’exprimer ses sentiments, de partager ses peines et de toucher le cœur des personnes au-delà des frontières, c’est un bien joli message que véhicule l’auteur dans son titre et qui parlera à un grand nombre d’entre nous.

En plus, la galerie de personnages est vraiment intéressante et différente de ce qu’on a l’habitude de voir. Ils sont tous doté d’un fort caractère et donnent envie d’apprendre à les connaitre. Les personnages secondaires semblent également avoir quelque chose à nous raconter et on a hâte de les découvrir plus en profondeur. L’auteure ne se contente pas d’une simple relation d’amitié ou d’amour entre ses personnages. On sent que Nino va représenter quelque chose de bien plus fort pour Yuzû et j’avoue que l’idée qu’elle devienne sa muse me plait particulièrement. Un triangle amoureux semble également tout doucement pointer le bout de son nez. 

En tout cas, ce premier tome m’a beaucoup plu et m’a fait penser à Lovely love lie de Kotomi Aoki actuellement publié chez Soleil manga. C’est d’ailleurs les très bons moments de lectures offerts par cette dernière qui m’ont décidée à tenter Masked noise. Si vous l’avez également appréciée, il y a de grande chance que celle-ci vous plaise puisqu’il existe de nombreux points communs entre les deux séries.

La direction prise par le récit s’annonce encore plus passionnante puisque l’auteur va surfer sur un phénomène très courant au Japon et qui m’intéresse grandement. J’ai d’ailleurs hâte d’avoir la vision de l’auteur à ce sujet ! 

Le point faible de la série réside dans le trait de l’auteur mais ce n’est bien sûr qu’un avis personnel. Les visages sont disproportionnés avec leurs grands yeux et leurs têtes en forme d’œuf. C’est parfois brouillon mais le trait s’améliore et devient de plus en plus plaisant au fil du tome. La mise en scène reste réussie dans l’ensemble et les émotions sont bien retranscrites. J’apprécie beaucoup la différence de physique entre Momo et Yuzû ; un contraste flagrant qui pourrait peut-être déboucher sur quelque chose d’intéressant au niveau de l’évolution des relations entre les personnages. Au final, on se laisse tellement embarquer par le récit qu’on finit par trouver un certain charme aux graphismes.

Rien à signaler du côté de l’édition, le travail de base a été fait et le titre sied bien à l’esprit de la série. Sachez qu’une version anime est prévue prochainement au Japon.

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