Chronique de membre : Au coeur de Fukushima T.1

Comme vous le savez, nous sélectionnons régulièrement une critique de membre et nous la mettons en avant comme dans le présent article. De plus, l'auteur de la critique sélectionnée gagne 2 mangas à choisir dans une liste (cf Chaque semaine, on vous donne la parole !).

Cette semaine c'est donc une critique de blackgigi sur le premier tome de Au coeur de Fukushima.
 

LE QUOTIDIEN D'UN TRAVAILLEUR A LA CENTRALE 1F

1F, prononcez Ichi Efu, est le nom de la centrale Fukushima Daiichi où travaille notre protagoniste principal. Dans ce manga, il décrit son quotidien et celui des ouvriers qui travaillent eux aussi sur le site contaminé. Sans vraiment prendre partie pour les pro ou anti-Tepco, il nous raconte son vécu, ses peurs, ses déceptions mais aussi ses joies pendant cette période de sa vie. Parce que raconter simplement sans prendre parti permet de nous offrir un récit neutre en parlant du bon comme du mauvais côté.
 

© 2013 Kazuto Tatsuta / KODANSHA

 

UNE DESCRIPTION DU CHEMINEMENT DE SON PARCOURS

Tout commence par une visite à Hello Work, le pôle emploi japonais où notre personnage principal annonce qu'il veut travailler à Fukushima, d'abord pour le haut salaire proposé puis pour participer à la remise en ordre et au nettoyage. Mais aucune place n'est disponible, il reste donc à Tokyo, puis enfin il est prit par six entreprises différentes et part habiter à Fukushima ... Mais entre les embauches fictives, les frais engagés pour le logement et les repas, l'attente avant qu'on ne les appelle sur le site et la paye décevante qui ne correspondait pas du tout à ce qui était prévu à cause des multiples intermédiaires qui se gavent, beaucoup ont vite décampé du lieu considéré comme maudit depuis mars 2011. Mais tout n'est pas noir, la sensation d'aboutissement arrive enfin quand il est appelé à travailler dans le réacteur.
 

© 2013 Kazuto Tatsuta / KODANSHA


L'esprit de camaraderie et le fait de travailler pour le bien public sont aussi des points importants. On y découvre la formation suivie par les travailleurs du site Fukushima, que ce soit les cours théoriques suivis d'un examen ou les démonstrations sur l'équipement et les règles de sécurité, les ouvriers sont vraiment amenés à être prudents, méthodiques et ultra disciplinés, parce que leur vie et celles de leur co-équipiers en dépend. Pourtant certaines sociétés n'hésitent pas trafiquer les données sur les radiations afin de laisser les ouvriers travailler plus longtemps et de ce fait les mettre en danger sur un chantier qu'ils auraient du quitter. Là encore ce n'est pas une généralité, mais cela s'est fait, tout comme d'autres manœuvres qui ont pour but de gagner de l'argent au détriment de la sécurité des employés. Au début les ouvriers se retrouvent avec des dettes car leurs dépenses de logement et de nourriture dépassent leur salaire et ils ne sont payés que le second mois échu, cela s’arrange sur la durée selon leurs affectations, car plus le poste est dangereux mieux il est rémunéré.....

 

UNE IMMERSION DANS LA VIE DE CEUX DONT ON NE VOIT PAS LES EFFORTS

Ce manga nous parle de ceux qu'on ne voit pas, ni à la télé ni dans les journaux et pourtant ce sont eux qui risquent leur vie, à déblayer les déchets radioactifs, à réparer le réacteur, à vérifier la sécurité de leurs collègues ou tout simplement à ravitailler la centrale en eau potable et en combinaisons anti-radiations. Leur obligation de vivre en promiscuité dans des chambres qui ressemblent à des prisons, le fait de vivre loin de sa famille pour espérer leur envoyer un peu d'argent, tout ça nous est présenté comme une tranche de vie des travailleurs du nucléaire. Ces hommes qui ont généralement tout perdu, leur maison, leur ferme, leur entreprise et parfois même leur famille, avancent à leur façon. L'auteur après 6 mois de travail à Fukushima a atteint son taux annuel de radiations, c'est à ce moment qu'il rentre à Tokyo écrire son manga :Ichi Efu.

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