Critique Le Capital

Robin, dont la mère est morte faute d’argent, décide de devenir riche le jour où son fromage est remarqué par un entrepreneur. Passant de la production artisanale à industrielle, il devient patron de son usine de fromage. Rapidement confronté aux problèmes de productivité et de rentabilité, Robin va peu à peu comprendre les rouages du capitalisme et l’absurdité d’un tel système.

En ouvrant le manga, et en constatant que le dessin n’était vraiment pas terrible je commençais ma lecture avec une certaine appréhension. Ça allait surement être un manga pas très beau, pas très poussé sur les concepts, qui s’inspire de très loin de l’œuvre de Karl Marx et de Friedrich Engels pour raconter une histoire quelconque… et… PAS DU TOUT. Quelle bonne surprise ! Le Capital des éditions SOLEIL, c’est un manga qui par une histoire nous explique les différents concepts économiques du capitalisme. Au final, étant très pédagogique et clair, je le conseillerai à quiconque s’intéresserait à l’économie. Je pense même que le manga pourrait être un support de cours pour d’éventuels lycéens en SES ou du moins un complément intéressant.

Là où le manga réussit son pari c’est dans son côté (presque) non manichéen. En effet, loin d’être binaire, le manga ne décrit pas les méchants patrons qui exploitent les ouvriers pour s’enrichir. Plus complexe, il exprime bien les dérives du système capitaliste qui font entrer les entreprises dans une spirale infernale menant à cette exploitation de façon inéluctable. Les patrons, s’ils veulent être compétitifs, sont obligés d’exploiter leurs salariés. C’est soit ça, soit ils mettent la clef sous la porte. Le système de concurrence capitaliste et ses différents concepts amène sans concession au « marche ou crève ». Chaque rouage économique bien huilé n’est qu’un pas de plus vers le monde de requin qui est décrit. Ce que Marx dit dans le capital, ne concerne pas l’Homme et sa propension à faire le mal, mais ne concerne que le système et son absurdité. Dans le capitalisme chacun doit écraser l’autre sous peine de l’être à son tour.

L’histoire est prenante et on suit notre héros, patron de son usine de fromages, dans sa descente aux enfers. Au fur et à mesure de sa compréhension du système, celui-ci se pose de plus en plus de questions morales par rapport à cette machine infernale qu’est le capitalisme. Alternant phases de scénario et phase de cours (avec schémas explicatifs et toutiquanti), Le Capital est un cours tout en étant divertissant. On le lit en apprenant sans que ce soit barbant ou rébarbatif. Vous apprendrez donc plein de concepts économiques sans que le côté « cours » ne vous assomme. Force de travail, Plus-value, Profits, Système bancaire, etc seront tant de concepts qui vous seront utiles pour appréhender notre monde capitaliste sur le plan économique (vous pourrez également en apprécier son absurdité).

Malgré tout le manga souffre de quelques défauts. Déjà, le dessin c’est vraiment pas top top. Dessin générique et grossier, l’œuvre gagnerait à être plus détaillée et réaliste (certaines scènes perdent de leur poids dramatique à cause des expressions mal rendus des personnages). Aussi, si je disais que le manga n’est (presque) pas manichéen, c’est que les investisseurs sont clairement « le mal ». Il n’y a aucune concession à ce niveau-là. Ce sont les méchants qui ne pensent qu’à s’enrichir sur le dos des entreprises. C’est peut-être un peu simpliste et caricatural.

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