Critique Gloutons & Dragons 1

La première série de Ryoko Kui plus connue sous le titre original de Dungeon Meshi à fait parler d'elle dès la sortie de son premier volume en 2014 au Japon. Prépubliée dans le magazine Harta enterbrain aux côtés de séries comme Stravaganza, la reine au casque de fer ou encore bride stories, il est rapidement parvenu à se tailler une place de choix dans le cœur du lectorat japonais apparaissant dans le top Oricon à chaque nouvelle parution. Il a notamment réussi à décrocher la première place du classement du Kono Manga ga Sugoi 2016 qui pour rappel établi une liste de titres recommandés par des professionnels travaillant dans le milieu du manga et de l’édition. Provoquer autant d’engouement titille forcément notre curiosité sans oublier le fait que le titre promet d'être savoureusement atypique puisqu'il est présenté comme le manga qui invente la gastronomic fantaisy, rien que ça ! Quand les termes gastronomie, aventure et monstre me viennent à l’esprit, c'est à mon gourmet hunter préféré que je pense et donc je ne pouvais que me laisser tenter par le titre surtout que ce dernier n’a probablement rien à voir avec du nekketsu et donc semble à première vue unique en son genre. Qui dit immense succès au Japon ne dit pas forcément de même en France. Verdict ?


« J'offrirai toutes les richesses que recèle mes terres à celui qui anéantira ce jeteur de sort. »


Après que sa sœur a été dévorée par un dragon et que son groupe a perdu toute leur vivre dans un raid de donjon raté, Lyos et ses compagnons sont déterminés à sauver sa sœur avant qu'elle soit digérée. Complètement fauchés et dans l'obligation de manger les monstres du donjon, ils rencontrent un nain qui les initie au monde du donjon meshui - une délicieuse cuisine faite d’ingrédients tels que la chair de sauve-souris géantes, des champignons humanoïdes, ou même des mandragores hurlantes.


« La chasse aux trésors est ouverte ou pas »


Il était une fois, un vieil homme se présentant comme le souverain d'un pays prospère qui promit toutes ses richesses à quiconque anéantira le jeteur de sort qui s’est emparé de ses terres. L'histoire de gloutons et Dragons commence ainsi d’une fort belle façon en nous contant une légende qui ne donne qu'une seule envie partir en quête de cet eldorado disparu même si ce ne sera pas pour tout de suite. Une mise en bouche appétissante donc et qui fera très vite place à l'action puisqu’on découvre notre petite bande d'aventuriers aux prises avec un dragon maous costaud. On se retrouve très vite plongés dans l'ambiance des donjons où une erreur de préparation, d'équipement ou d'orientation peut tout simplement vous coûter la vie. Malheureusement pour eux, ils vont vite en faire les frais sans qu’on est eu réellement le temps d’apprendre à les connaitre. Un évènement va cependant permettre à certains d’échapper à un sort bien funeste donnant naissance ainsi à une première sous quête à savoir retrouver celle qui leur a permis de prendre la fuite et lui venir en aide. On remarquera très vite un comique de situation bien poilant qui viendra dédramatiser une situation plus que désespérée laissant déjà transparaitre le ton de l’œuvre qui se veut résolument décalé car on comprend très vite qu’on aura affaire à une intrigue originale qui n’a absolument rien avoir avec du nekkestu et autres shonen d’aventure. Cette particularité se confirmera fortement au fil du tome surtout par la progression assez lente des personnages qui bizarrement ne se pressent pas plus que cela pour sauver leur amie en danger, ce qui pourrait déconcerter les lecteurs comme les ravir, tout dépend des attentes qu’on avait envers le titre.


« Une brochette de personnages bien siphonnés du bulbe »


Comme je le précise au début, tout est fait pour que le lecteur soit immergé dans l'univers des dungeon games en passant du recrutement de nouveaux membres à la logistique, la mise en scène est assez bien pensée puisque portée par des personnages complètement loufoques la rendant ainsi vivante et divertissante. Le début de cette sous-quête nous permettra surtout de cerner un peu mieux notre fine équipe avec Laïos qui peut sembler apathique au premier abord car souvent trop peu concerné par la situation mais qui aura quelques bonnes répliques et de nombreuses idées totalement farfelues, comme celle de faire l’impasse sur l’approvisionnement en victuailles et de se contenter de la faune et de la flore qui peuplent les donjons. Ensuite, Marcyle, une elfe pratiquant la magie,  aussi gourde que têtue comme une mule qui joue le rôle de la fille provoquant des catastrophes et qui émet des réserves sur un peu près tout ce que lui propose Laïos qui prend par la même occasion grand plaisir à la faire aller et enfin Tilchak, spécialiste des pièges, qui reste assez discret mais qui va se révéler au fil des pages grâce à son côté assez professionnel. Au début du donjon, ils vont recruter un quatrième personnage qui se révèle être un fin connaisseur en cuisine, ce qui constitue un équipier de choix quand on a eu la brillante mais très saugrenue idée de se nourrir de monstre et qui va presque à lui tout seul apporter cette fameuse  dimension gastronomique au récit. En somme, l'équipe dégage une belle synergie permettant au lecteur de ne pas s'ennuyer une seule seconde !


« Une approche atypique de l’aventure qui ne plaira peut être pas à tout le monde »


Malgré une quête et une sous–quête bien définie, des personnages aux réactions et aux répliques bien bidonnantes et une immersion assez réussie dans l'univers du donjon, il faut avouer que l’intrigue reste assez simpliste dans le sens où le suspens n’est pas vraiment à l‘ordre du jour avec une progression dans le donjon qui se fera de façon assez pépère et où on s’arrêtera pour dresser très souvent un feu de camp et cuisiner un peu près tous les monstres qui se trouvent sur notre chemin. On aurait presque tendance à oublier qu’une vie est en jeu car à part un « il ne faudrait peut être pas prendre cette direction car on risque d’arriver trop tard pour secourir notre amie » et bien c’est un peu près tout concernant ce point. Si vous cherchez de l'épique, passez votre chemin car ici on a plus le droit à un guide pour savoir comment préparer de savoureux petits plats à base de monstres peu ragoutants avec en prime quelques petites fiches de recettes dont la préparation n’est certes par aussi élaborée que dans Toriko mais qui restent très sympathiques ; sait-on jamais peut-être allez-vous choper un petit Basilic pour en faire votre repas du dimanche. Par contre, si vous cherchez une lecture rafraichissante et déclencheuse de fou rire alors ce titre est susceptible de vous intéresser.


Un petit mot sur les graphismes, ces derniers accentuent le côté décalé de l’œuvre avec d’une part un découpage assez scolaire offrant un ensemble soigné et posé qui sied bien à la lenteur de l’intrigue et d’autre part tout un panel d’expressions faciales assez marquées surtout celles de notre petite Marcyle qui viennent largement ajouter du poids à l’humour qui est pour rappel l’élément central du titre. Les arrières plans sont par contre assez vides et les chara-design un peu simpliste mais le tout est une bonne surprise et nous divertit pleinement !


On n’oubliera pas de souligner l’excellente prestation de Casterman qui nous livre une édition de qualité avec une couverture cartonnée, un papier épais et une traduction vivante qui épouse parfaitement des dialogues bien souvent délirants. On appréciera grandement le jeu de mot bien trouvé au niveau du titre, preuve que l’éditeur a parfaitement cerné l’aura de la série! 

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