Critique L'Atelier des Sorciers 1

Qui n’a pas un jour rêvé de se réveiller avec une baguette sur la table de chevet et un balai au pied du lit ? Ce phantasme mainte fois exploré et exploité dans la littérature, le cinéma, la télé, continue de résonner en moi comme un souvenir. Chaque fois la curiosité l’emporte et souvent la magie opère. L’Atelier des Sorciers ne fait pas exception, si ce n’est peut-être que l’aventure apporte un souffle nouveau, l’autrice ne fait pas que copier et refaire ce qui a déjà été fait, elle innove et apporte son univers personnel. Avec un style à faire pâlir bons nombres de dessinateurs reconnus.

Coco est une enfant enjouée, curieuse et travailleuse. Positive et pleine de fraîcheur. Au côté de sa maman, elle coupe avec habileté des mètres de tissus pour vendre aux clients qui poussent la porte de leur boutique. Mais, Coco a un rêve avoué et écrié depuis longtemps : être une sorcière. Depuis qu’elle est haute comme trois pommes, elle idolâtre les sorciers qui embellissent leur monde avec un peu de magie. Tapis volant, chevaux ailés, lac insalissable, W.C abyssales, la magie est avant tout un confort pour le commun des mortels. Toutefois, ce talent est officiellement une bénédiction du ciel offert à la naissance. En somme, on l’a ou on l’a pas.

Un voyageur au sourire énigmatique et au regard à demi caché d’un binocle au verre noir du côté droit vient un beau matin acheter du tissu beige. Prise dans la conversation, Coco lui confie que toute petite elle a acheté un livre à un sorcier masqué lors d’une fête au château.

De là, tout s’accélère, l’homme qui se prénomme Kieffrey se révèle être un sorcier et tandis qu’il s’adonne à la réparation d’un carrosse abîmé par des enfants, Coco saisit l’opportunité d’assister à un vrai tour de magie, se mettant en quête de le surprendre. Curieusement aidée par le ciel et quelque vent mystérieux, elle épie en secret ses actes, s’en suit la catastrophe. La magie tient en fait à un art plutôt simple, l’écriture de runes particulières - ceci rappellera probablement à certains fans d’ésotérisme l’Alchimie basée sur ce même principe de l’écriture-. Si simple qu’officieusement n’importe qui peut devenir sorcier. Coco, en joie de sa découverte s’empresse de fouiller dans son fameux livre la nuit suivante pour tenter l’expérience. Eurêka ! Le visage émerveillé et fière d’elle, elle admire ses exploits, recommence, s’améliore… Elle s’évertue de lancer le sort le plus parfait jusqu’à l’inconscience. Soudain, une magie incontrôlable pétrifie tout. Le livre d’abord, puis sa chambre, sa maison, sa maman, Coco est secourue in extrémis par Kieffrey mais malheureusement sa chère et tendre maman ne peut pas être sauvée dans l’ordre actuel des choses. Il faut mettre la main sur le sort exact lancé pour en annuler ses effets. Kieffrey qui a pitié de sa détresse mais surtout obnubilé par le livre coupable, décide sur un coup de tête d’en faire son apprentie. C’est une grande aventure qui commence.

La magie nous dit-on a été le fruit de nombreux malheurs dans le monde des humains à une époque passée. Comme d’ordinaire chacun voulait plus de pouvoir et après plusieurs lourds et longs combats, il a été voté que les sorciers devaient vivre en retrait du reste du monde. Et n’interférer que pour améliorer le quotidien des Hommes. Bon, ça c’est ce qu’on veut faire croire aux enfants et principalement à Coco. Coco est naïve et prête à croire le bon dieu sans confession. Mais, le lecteur omniscient des évènements interprète différemment et devine autre chose. Il ressent le mystère, l’ombre planer sur Coco et le monde magique. Le sorcier masqué intrigue mais Kieffrey sur le moment intrigue doublement. Un peu trop gentil et généreux pour être honnête si vous voyez ce que je veux dire.

Coco fait la connaissance d’autre filles de son âge, apprenties elles-aussi auprès de Kieffrey. Tous habitent dans une grande chaumière digne d’un hobbit. Coco doit alors se faire accepter, elle l’humaine ordinaire hier encore, doit faire ses preuves. Elle est tenace toutefois et son abnégation infaillible la porte et la soutient, lui permettant de se dépasser au moment opportun. Coco, finalement nous pousse à nous interroger sur sa nature. Après tout, on ne sait rien de ses origines paternelles et c’est elle que le sorcier masqué a choisi il y a des années… alors peut-être bien… oui possible que tout cela était écrit depuis le début, qui sait ? La Fantasy est à l’honneur dans ce titre, on retrouve les mêmes codes.

La suite promet assurément quelques réponses et de nouvelles questions. L’univers proposé par l’autrice apparaît riche et plus compliqué qu’il n’y paraît. D’une complexité comparable à ses dessins.

L’atelier des Sorciers, avant d’être une histoire racontée avec des mots, est un livre d’images qui parle. Un récit contemplatif avant tout. L’œil s’attarde sur les nombreux détails, appréciant la perfection des lignes. Les paysages sont à couper le souffle –un brun de John Howe, l’illustrateur de Tolkien- les vêtements minutieux, les objets inventifs, les décors réalistes. L’époque fait penser au moyen-âge exit de tous ses défauts. Un vrai univers à part qui attire comme un aimant. On ne voudrait jamais arriver à la fin. Un coup de cœur pour ma part.

L’édition collector proposée par Pika est à la hauteur de ce titre plébiscité par les libraires japonais et attendu des fans français. Une couverture alternative qui se révèle au final deux fois plus belle que l’originale tant elle fait luxueuse. Les dorures ressortent bien sur le bleu profond, les personnages sont un joli résumé du premier tome et cette multitude d’objets magiques, un écho de tout l’univers. La 4ème de couv sur la jaquette n’est pas en reste et exulte le talent certain de Kamome Shirahama. Le livret accompagnant le tome est déjà un indispensable pour celui tombé en amour de ses dessins. On y découvre une toute petite partie de son travail préparatoire. Presque sept ans nous confie-t-elle avoir eu besoin pour peaufiner son histoire et ses personnages. Très intéressant d’analyser l’évolution de Kieffrey qui a changé du tout au tout. Vraiment une très belle édition qui fait plaisir au collectionneur. J’aime le papier, j’aime les livres, j’aime les beaux livres, merci Pika. Plus qu’à espérer d’autres surprises pour la suite tout en priant que Kamome ait le temps bientôt pour la création d’un Artbook. Elle qui est dessinatrice avant tout pourrait laisser libre cours à son crayon quand nos yeux seraient en admiration. Une très belle découverte que je recommande à tout le monde, petits et grands.

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