Retour vers le passé : La Conquête de l'Espace (1955)

 

REALISATEUR

Byron Haskin

SCENARISTES

James O’Hanlon, Philip Yordan, Barré Lyndon et George Worthing Yates, d’après le livre de Willy Ley et Chesley Bonestell

DISTRIBUTION

Walter Brooke, Eric Fleming, Mickey Shaughnessy, Phil Foster, Ross Martin…

INFOS

Long métrage américain
Genre : science-fiction
Titre original : Conquest of Space
Année de production : 1955

En 1950, l’animateur, scénariste et réalisateur George Pal produit son premier film de science-fiction, Destination…Lune ! (co-écrit par un certain Robert A. Heinlein), une histoire qui échappait à l’habituel modèle des épopées spatiales des serials des années 30 (pas de rencontres avec des monstres caoutchouteux sur une autre planète) pour décrire les conditions d’un vol spatial tel qu’il était imaginé dix-neuf ans avant que l’homme pose le pied sur la Lune. Grand succès, Destination…Lune ! a déclenché une mode dans laquelle se sont engouffrés de nombreux studios, grands et petits. George Pal a poursuivi sur ce thème qui lui tenait visiblement à coeur en 1955 avec La Conquête de l’Espace, mais pour un résultat nettement moins plébiscité, l’échec du film l’obligeant à abandonner pour un temps la S.F. pour s’engager dans les chemins de la fantaisie avec des titres comme Les Aventures de Tom Pouce et Le Monde Merveilleux des Contes de Grimm.

Avec La Conquête de l’Espace, George Pal tenait à être le plus réaliste possible. Pour le scénario, ses auteurs se sont inspirés du livre du même titre écrit par Willy Ley et illustré par Chesley Bonestell, un peintre dont l’influence dans le domaine de l’illustration de science-fiction est toujours aussi importante. Il fait notamment partie des inspirations du programme spatial américain, il a dessiné des concepts imaginés par Wernher Von Braun et ses oeuvres ont orné les couvertures de nombreux numéros de The Magazine of Fantasy and Science-Fiction. La direction artistique de La Conquête de l’Espace s’est d’ailleurs en partie basée sur les idées de Von Braun et Bonestell, comme le design de la station spatiale surnommé la Roue.

 

 

Les premières minutes décrivent le quotidien de six volontaires qui se préparent depuis un an à un vol lunaire qui aura lieu à bord d’un vaisseau spatial en construction qui a été baptisé l’Epervier. Les hommes sont soumis à un régime et des conditions strictes, ce qui commence à porter sur les nerfs de certains d’entre eux. Il n’y a pas vraiment d’acteurs connus (surtout au moment où le film est sorti) mais deux membres de la distribution ont ensuite eu une jolie carrière sur le petit écran dans deux séries à succès : Eric Fleming dans Rawhide aux côtés du jeune Clint Eastwood et surtout Ross Martin, futur Artemus Gordon dans Les Mystères de l’Ouest. Les caractères sont bien trempés, même si certains portraits sont un petit peu trop balourds, comme le comique de service joué par Phil Foster et le vétéran de nombreuses guerres, véritable cliché ambulant.

Le travail sur les maquettes est plutôt bon, même si ce n’est pas le meilleur des productions George Pal. On sent un budget un peu serré aux entournures, avec des transparences souvent un peu laborieuses, mais même avec les moyens du bord, le réalisateur Byron Haskin (La Guerre des Mondes) a concocté des scènes assez accrocheuses, comme la tentative de l’Epervier d’échapper à la trajectoire d’une météorite, ou ce très beau plan (peut-être le plus beau de tous) de l’enterrement spatial d’un astronaute…car le voyage vers Mars ne sera pas de tout repos…

 

 

« Mars » alors que j’évoquais plus haut un vol lunaire ? C’est que le plan a changé en cours de route. Suite à la pression des responsables de l’expédition, la destination est modifiée et nos volontaires sont alors obligés de décoller vers la Planète Rouge. Ce n’est pas la partie la plus convaincante du métrage, surtout que les scénaristes se sont vu obligés d’ajouter une sous-intrigue particulièrement ennuyeuse avec le général en charge de la mission qui pète les plombs et part dans un délire religieux. Cette réflexion sur l’homme et le divin, sur le « blasphème » que représente le vol spatial dans le « Domaine de Dieu », n’étonne pas de la part d’une production George Pal, catholique fervent qui n’hésitait pas à traiter régulièrement (et, sur ce que j’ai vu, assez lourdement) de ce sujet (voir La Guerre des Mondeset Le Choc des Mondes).

Au final, La Conquête de l’Espace n’est pas la « plus mauvaise production de George Pal », comme l’Encyclopédie de la Science-Fiction a pu décrire le film. Le rythme est un peu lent, mais il y a des éléments intéressants…mais ses faiblesses d’écriture en ont diminué le potentiel…

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