Retour vers le passé : Le Château dans le Ciel (1986)

 

Animation/aventures/fantastique
Long métrage japonais
Ecrit et réalisé par Hayao Miyazaki
Avec les voix V.O. de Mayumi Tanaka, Keiko Yokozawa, Kotoe Hatsui…
Titre original : Tenkuu no Shiro Laputa
Année de production : 1986

Première production du Studio Ghibli fondé en 1985, Le Château dans le ciel débute par une scène déjà ébouriffante dans son genre grâce à la fluidité de l’animation. Une forteresse volante est attaquée par une bande de pirates. À l’intérieur de l’engin, une jeune fille prénommée Sheeta en profite pour échapper à ceux qui la retiennent prisonnière. Elle porte à son cou une amulette qui attire toutes les convoitises. Pendant sa fuite, Sheeta glisse et disparaît dans les nuages. Sous le choc, elle s’évanouit et ne remarque donc pas la lumière qui émane de la pierre, l’enveloppant pour la déposer doucement sur la terre ferme, moment magique et poétique au terme d’un joli générique rythmé par la belle musique de Joe Hisaishi.

De l’immensité du ciel, on passe aux profondeurs d’une ville minière qui a été inspirée à Hayao Miyazaki par un voyage au Pays de Galles au cours duquel il a été le témoin des conditions difficiles du travail des mineurs. Cette expérience a enrichi le scénario et le contexte du premier acte du Château dans le ciel. Sheeta est découverte inconsciente par Pazu, un orphelin devenu en quelque sorte la « mascotte » des travailleurs. Pazu vit seul depuis le décès de son père, un aventurier qui avait pris la photo d’une légendaire cité flottante, Laputa. Mais malgré cette preuve, personne ne l’a cru et l’homme est mort incompris de tous…

 

 

Héros équilibristes, Sheeta et Pazu sont vite attachants…et ils sont rapidement plongés dans l’action car les kidnappeurs de Sheeta (des agents du gouvernement, dont un certain Muska qui a ses propres plans révélés progressivement) et le clan de pirates commandé par la vieille Dora sont à leurs trousses. Jubilatoire et trépidante, la course-poursuite qui suit utilise parfaitement toutes les possibilités d’un décor minutieusement détaillé. Les péripéties ne manquent pas et après s’être échappés des mines, Sheeta révèle la vérité à Pazu : le château volant existe vraiment et elle est la descendante de la famille royale de Laputa…

Le souffle des grandes épopées traverse le récit de Hayao Miyazaki, qui sait aussi ménager des moments plus calmes (d’où quelques petites lenteurs, mais pas gênantes du tout) pour développer les protagonistes et leurs motivations, entre drame (le destin de Sheeta) et légèreté, changements de ton bien dosés. L’humour est apporté par les pittoresques pirates et leur chef/maman, la fantasque Dora, moins menaçants que ce que l’entame laissait supposer. Le danger prend la forme d’une double entité, Muska (et ses hommes) et le Général (et son armée), qui ont chacun leurs raisons pour retrouver Laputa, entre quête du pouvoir et avidité…

 

 

 

Hayao Miyazaki a habilement intégré plusieurs références à son univers foisonnant. L’île volante de Laputa vient des écrits de Jonathan Swift, l’endroit étant l’un des lieux visités dans Les Voyages de Gulliver. Mais Miyazaki a avoué qu’il ne connaissait pas le sens que prend Laputa dans les pays hispanophones, ce qui fait que le nom a été retiré du titre et également modifié dans certaines versions espagnoles, à l’instar des traductions du livre de Swift. Les robots gardiens sont des hommages au Roi et l’Oiseau de Paul Grimault, l’un des films préférés de Miyazaki.

Ces superbes personnages mécaniques sont au centre de quelques-uns des plus beaux moments du Château dans le ciel, aussi bien l’assaut du château des méchants, au suspense tendu, que la visite de Laputa, empreinte d’une certaine mélancolie personnifiée par le robot-jardinier avant le spectaculaire final qui oppose l’innocence de l’enfance à la violence du monde des adultes.

 

 

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