TUMATXA : L'EMISSION ! - EPISODE 23 : A la conquête des vagues de l’âme nocturne !!

 

Avant-dernière épisode de « Tumatxa! » avant la pause pascale… la semaine prochaine, pour la dernière avant la dite pause, émission un brin spéciale puisque nous aurons un invité, mais chut !! J’en dis déjà trop. En attendant, cette semaine, programme classique, certes, mais fort roboratif, si vous voulez mon avis.

Cinéma (double dose), littérature (grosse claque), et BD (un album magnifique et poignant), le tout en musique qui groove bien : tel est le sommaire du soir.

Pour le cinéma, en attendant de découvrir son prochain long-métrage, le très excitant (sur le papier) « Hurry Up Tomorrow », faisons donc un point sur le corpus du très doué Trey Edward Shults, en l’occurrence son deuxième film « It Comes At Night » (2017) et le troisième, « Waves » (2019). Le premier est aussi sombre et pessimiste que le second n’est lumineux et gorgé d’espoir… Dans « It Comes At Night », sorte de post-apo mâtiné de drame familial, une mystérieuse pandémie (tiens, tiens) semble avoir décimé la planète. Une famille tente de survivre dans une baraque perdue au milieu de la forêt ; des étrangers pointent le bout de leur nez : doivent-ils les accueillir ? Suspense ! « It Comes At Night » n’est pas à proprement parler un film d’horreur, mais c’est un des films les plus tendus qu’il vous sera donné de voir. « Waves », quant à lui, est une sorte de mélo lacrimal, dans le meilleur sens du terme (je l’avoue toute honte bue : j’ai pleuré à la fin) relativement classique dans sa dramaturgie… mais quelle réalisation ! Le film est un tourbillon sensitif à la puissance peu commune, tout en poursuivant le questionnement de Shults sur ce qui demeure son grand thème : la cellule familiale, et ceux qui pèsent trop dessus. Sacré cinéaste.

Pour la littérature, quelle joie de retrouver au programme la londonienne Nina Allan, dont nous avions déjà évoqué le travail, surtout pour une perle comme « Conquest », son dernier effort en VF. Frank est un jeune homme génial mais un brin paumé, qui aime Bach, David Bowie, Tarkoski et la science-fiction… et aussi les sites conspirationnistes qui spéculent sur une guerre entre la planète Terre et de mystérieux extraterrestres, dont nos gouvernants savent tout bien sûr. Lorsqu’il disparaît, sa compagne Rachel engage une détective privée atypique, Robin, elle aussi fondu de Bach… Résumé comme ça, « Conquest » peut sembler relativement conventionnel. Que nenni : festival thématique passionnant et structure ultra-sophistiquée (et originale) sont au menu de ce livre à nul autre pareil. Un très très grand roman, qui revitalise à lui tout seul la foi dans cette forme narrative si souvent déclarée cliniquement morte : Nina Allan prouve qu’il n’en est rien.

Pour la BD, évoquons un brin à la bourre une sortie 404 Graphic, dont l’excellence de la ligne éditoriale n’est plus à prouver (encore bravo à Nicolas Beaujouan et ses équipes), j’ai nommé le beau et déchirant « Âme augmentée » de l’américain Ezra Claytan Daniels, qui écrit et dessine. Hank et Molly sont un couple en recherche d’immortalité, ou à tout le moins d’une nouvelle jeunesse. A cette fin ils vont accepter de servir de cobaye dans une expérience pour le moins singulière, où rien ne va se passer comme prévu, ni pour eux ni pour les scientifiques à l’oeuvre. Sorte de récit de SF mâtiné de body horror cronenbergo-lynchienne, « Âme augmentée » (« Upgrade Soul » en VO, traduite par Philippe Touboul) est avant une histoire d’amour, déchirante au possible.

Le tout est avantageusement mis en musique : le trio rap/noise clipping. vient d’accoucher de « Dead Channel Sky », album d’inspiration cyberpunk à fond les ballons, dont on écoute « Run It » ; le projet italien Cosmic Putrefaction ne fait pas du zouk mais du death metal, comme son nom l’indique, et comme en atteste « I Should Greet The Inexorable Darkness », issu de son dernier album « Emerald Fires Atop The Farewell Mountains » ; le morceau « Cygnet Committee » de David Bowie, extrait de son deuxième album « Space Oddity » (1969), est le morceau préféré des personnages du « Conquest » de Nina Allan, et on l’écoute pour la peine ; enfin, cela fait déjà 40 ans que l’humanité a la chance de pouvoir s’envoyer « The Skull », le deuxième album du mythique combo doom metal US Trouble, et pour fêter ça on termine l’émission avec l’épique « The Wish »…!!

« I am trying to find my way
Through fields of hope
The only flame that burns inside
Is my mortal death »

EPISODE 23 !!

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