TUMATXA : L'EMISSION ! - EPISODE 30 : Le 17ème linceul statique de Goliath !!!
Le « season finale » !! La dernière !!! Eh oui voici venu le temps de boucler cette très enthousiasmante 458ème saison (à peu près) de « Tumatxa! », votre émission de radio préférée alors que vous n’en saviez rien. Comme d’habitude, pour terminer la saison en beauté, on charge la mule encore un peu plus que d’habitude ; programme dantesque dans tous les sens du terme cette semaine.
Double rasade de cinéma, littérature, double dose de BD, le tout avec encore un peu plus de musique que d’habitude : tel est le copieux programme de l’émission. Assez ! Assez ! C’est presque trop…
Séances de rattrapage dans la double chronique cinéma de la semaine, avec deux films signés par des auteurs importants et « suivis » par nos soins depuis des années, deux films ratés par nos soins au printemps dernier. Dans un premier temps, évoquons le très attendu « Mickey 17 », dernier fleuron du surdoué Bong Joon-ho, incontestablement l’un des cinéastes les plus passionnants des 20 dernières années. Adaptation du roman « Mickey 7 » signé Edward Ashton, le film relate les aventures futuristes d’un prolo passablement crétin sur les bords, Mickey (incarné par Robert Pattinson, qui est assez couillon pour signer un contrat qui fait de lui un « remplaçable » corvéable à merci, y compris une fois mort… puisqu’il suffit de le cloner et de transférer sa conscience pour continuer à l’exploiter. On retrouve bien là toute la fibre « sociologique » du cinéma de Bong Joon-ho, habitué à disséquer le corps social auquel il s’adresse (le grand public américain, pour le dire vite), une veine politique certes simple mais suffisamment sincère et inspirée pour porter le film. Et comme d’habitude, quelle mise en scène !! Alors certes, le film a quelques défauts (de rythme notamment) et on ne tutoie pas ici les sommets de la filmo du cinéaste, mais quand même, « Mickey 17 » dépasse de la tête des épaules 95 % de la production grand public actuelle.
Dans un deuxième temps, replongeons nous comme nous ne l’avions pas fait depuis quelques temps (pas depuis le livre de Fabien Demangeot consacré à son corpus en tout cas) dans l’univers de David Cronenberg, qui nous est revenu avec « Les Linceuls » (« The Shrouds » en VO). Vincent Cassel, via sa coiffure inimitable, campe un double fictionnel transparent du cinéaste canadien, veuf comme lui, et créateur d’une technologie (les linceuls du titre) qui permet à ses clients de continuer à suivre l’évolution corporelle (comprendre : la décomposition) de l’être aimé disparu. Morbide ? oui, et pas qu’un peu… mais le film ne suit pas cette seule piste thématique, il est au contraire très très riche sur ce plan. Tant mieux, parce que par ailleurs, c’est quand même très moche, il faut bien l’admettre.
Pour la littérature, c’est avec délectation que l’on se plonge dans le premier roman du prometteur Diego Muzzio (déjà auteur de livres pour la jeunesse, de recueils de poèmes, etc.), à savoir « L’Oeil de Goliath ». Basé sur un corpus référentiel de rêve (Stevenson et son « Etrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde », le « Shining » de King/Kurbick, « Alice au Pays des Merveilles » de Lewis Carroll, la Divine Comédie, et j’en passe), le récit se concentre sur un asile d’aliénés, ces patients étant des rescapés de la première Guerre Mondiale, tout comme d’ailleurs le psychiâtre en chef, le Dr Edward Pierce. Un nouveau patient arrive et tout bascule : Pierce va découvrir en cherchant à le soigner son étrange aventure dans un phare, l’oeil de Goliath, au large de la Patagonie… Structuré en mille-feuilles narratif, mais d’une limpidité désarmante, le livre de Puzzio par sa prose même rend hommage aux grandes heures du roman d’épouvante gothique et même à la Weird Fiction contemporaine de l’action du récit. Franchement recommandé, si ces refs vous parlent !!
Pour la BD, c’est double dose aussi : d’abord, à la faveur du film récemment consacré au titre, revenons sur les « Thunderbolts », notamment le très bon run (12 épisode) de Warren Ellis et Mike Deodato Jr, tout récemment réédité à la faveur du la sortie du film susnommé. Les Thunderbolts constituent une équipe d’élite à la solde du gouvernement et dévolue à la traque d’autres surhumains hors-la-loi. Ce sont surtout des criminels sans foi ni loi qui constituent une équipe dysfonctionnelle toujours à deux doigts de la catastrophe. On a là un peu le haut du panier du travail d’Ellis à cette époque chez Marvel. Ensuite, on se penche sur la toute récente sortie aux décidément incontournables éditions Délirium du « Static » de Matt Lesniewski, dont le travail au dessin sur « Crimson Flower » lui avait déjà valu d’être évoqué dans cette émission. Ici, il fait tout, du dessin au lettrage en passant par l’écriture (déléguant seulement la colorisation à son compère Carlos Padilla), s’inspirant d’oeuvre aussi variées que les dessins animés de « Liquid Television » sur MTV il y a 35 ans ou que les grandes anthologies SF de BD des années 70. Scénario sommaire, certes, mais panard graphique et séquentiel absolu.
Le tout est mis en musique comme il se doit : les rois du metal Metallica ressortent le mal-aimé « Load » en version remasterisée, l’occasion pour nous d’écouter une perle méconnue de leur répertoire, l’épique « The Outlaw Torn » ; Painkiller est déjà de retour quelques mois à peine après leur reformation surprise avec « The Equinox », plus dubby que leur album précédent, comme en atteste « Forks In The Road » ; Black Sabbath va fouler les planches une ultime fois à Birmingham dans quelques jours, ce serait idiot de ne pas en profiter pour s’envoyer une version live du sublime « Snowblind » pour la peine ; les death metalleux polonais de Supreme Void viennent de sortir un premier album assez incroyable, « Towards Oblivion », l’occasion pour nous d’écouter le vicieux « Sustained By Malice » ; enfin, pour clôturer l’émission et la saison, retrouvons les américains de Locrian, avec « Elevations And Depths », extrait de leur album « The Crystal World », inspiré du roman éponyme de JG Ballard…!!!
« You make me smash the clock and feel
I’d rather die behind the wheel
Time was never on my side
So on I wait my whole lifetime »
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