Retour vers le passé : Dark City (1998)

 

 

 

Thriller/science-fiction
Long métrage américain/australien
Réalisé par Alex Proyas
Scénarisé par Alex Proyas, Lem Dobbs et David S. Goyer
Avec Rufus Sewell, Jennifer Connelly, William Hurt, Kiefer Sutherland, Richard O’Brien…
Année de production : 1998

Dès l’ouverture de Dark City, une voix-off, celle du Dr Schreber campé par Kiefer Sutherland, nous annonce déjà le caractère science-fictionnesque de l’intrigue. C’est quelque chose que le spectateur aurait pu découvrir graduellement au long de l’avancée du récit mais ce commentaire a été imposé à Alex Proyas par un studio qui pensait peut-être que les gens étaient trop neuneus pour comprendre (Proyas l’a ensuite enlevé de son director’s cut). La vision d’une ville qui se met subitement à l’arrêt était suffisante pour entretenir déjà un certain trouble avant la présentation du personnage principal dans une atmosphère de film noir.

 

 

John Murdoch (Rufus Sewell, alors peu connu) se réveille dans son bain, une goutte de sang sur le front. Il ne se rappelle de rien (nous n’apprendrons son nom qu’au bout de quelques minutes) et découvre le corps sans vie d’une femme dans sa chambre. Murdoch prend la fuite et mène l’enquête sur ce qui lui est arrivé, ce qui ne sera pas aisé dans cette ville étrange, étouffante, où la nuit est perpétuelle et où déambulent d’étranges silhouettes vêtues de noir, des hommes pâles et chauves aux mystérieuses capacités.

Alex Proyas avait commencé à travailler sur Dark City au début des années 90, avant même de réaliser The Crow, et son récit était alors centré sur un inspecteur (celui joué par l’impeccable William Hurt) obsédé par les faits et incapable de résoudre une affaire dont les éléments rassemblés ne font aucun sens. Au fil des réécritures avec ses co-scénaristes Lem Dobbs et David S. Goyer, Proyas a changé d’avis et décidé de faire de l’homme poursuivi par le policier le protagoniste principal. Autour de John Murdoch gravitent notamment son épouse (superbe Jennifer Connelly), un docteur souffreteux (étonnant Kiefer Sutherland) et les fameux hommes en noir (parmi lesquels il y a entre autres Richard O’Brien du Rocky Horror Picture Show et Bruce Spence des films Mad Max).

 

 

Alex Proyas entretient très efficacement le mystère et les révélations et multiplie les scènes marquantes rythmées par la musique de Trevor Jones. Le décor de la « ville sombre » est à sa manière un personnage, qui rappelle à la fois « tout et nulle part » (pour reprendre les thèmes du designer Patrick Tatopoulos), ce qui est encore plus vrai lors des tableaux visuellement hallucinants qui expriment sa nature mouvante et presque vivante. Le réalisateur orchestre également des courses-poursuites lors de ces phases et c’est très réussi, dynamique et plein de suspense.

Tout cela avant une grande révélation bien amenée (oui, il n’y avait vraiment pas besoin de la voix-off), un affrontement final spectaculaire et une très belle dernière scène, qui enlumine enfin l’histoire des habitants de cette ville pas comme les autres…

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