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Critique de Vinland Saga

par arkio le lun. 25 mai 1970

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Après le magnifique "Planetes" (le manga hein!, pas l'insipide version animée), on peut enfin découvrir en France un nouveau titre de Makoto Yukimura, qui délaisse les prairies futures du ciel pour nous entraîner dans les fjords glacés du XIe sièle en Europe. Sans nul doute une nouvelle réussite de l'auteur, un titre extrêmement prometteur (une superbe licence de plus pour Kurokawa, qui n'a d'ailleurs pas lésiné sur la promotion offerte à cette série) et mon coup de coeur de la semaine. Nous avons donc ici, mené de main de maître, une véritable épopée Viking, un thème rarement exploité en manga (et j'oserais même dire jamais, n'arrivant pas à retrouver quelque chose de comparable dans mes souvenirs). Ce qui frappe d'emblée le lecteur qui se plonge dans ce titre, c'est le graphisme : sublimement ciselé, ultra détaillé (que ce soit dans les décors, les vêtements ou les expressions des personnages), nous offrant des héros au charisme rayonnant, du simple fait de la finesse de leurs traits ou d'un regard qui nous transperce et nous emporte vers des sources de pureté - Une quintessence de l'âme de l'homme libre, soumis à une nature grandiose, à la vie, à la mort, un monde où toute une complexité indéfinissable peut jaillir d'une simple case...C'est proprement divin - l'évasion est tapie à chaque coin de page et on rêve presque éveillé. On reconnaît parfaitement le style de l'auteur de "Planetes", et on le retrouve avec la plus grande des satisfactions, tant il avait déjà atteint une qualité remarquable dans la précision et le rendu de ce qu'il voulait exprimer (c'est ainsi jubilatoire de revoir des personnages semblant nonchalants, aux yeux "éteints", mais qui renferment des talents, un passé ou une ambition inouïs) Par comparaison, et en restant dans un univers "médiéval", la qualité du graphisme n'a rien à envier à un "Berserk" et c'est vraiment tout dire (même si ce dernier explore les chemins du fantastique, autorisant des excentricités graphiques particulières, où ne peut pas s'aventurer "Vinland saga", plus classique dans son déroulement) Et puis je dois avouer avoir toujours été très sensible à la puissance évocatrice/chamanique qui peut résulter d'un paysage enneigé ou parcouru par un blizzard de cristaux de glace. L'histoire d'hommes qui arrivent à composer avec ces terres difficiles, ce mélange de pureté - la blanc immaculé ou bien la respiration, le souffle visible qu'on ne peut pas ici dissimuler - et de souffances est réellement facinant. Bien sûr, tout cela est bien beau (c'est le cas de le dire) mais qu'est ce que vaut l'histoire ? En fait, dans ce premier tome, celle-ci est d'abord introductive et cela de deux manières successives. La première partie nous place tout de suite dans l'ambiance et nous permet d'assister à la prise d'un bastion franc, grâce à l'aide d'une troupe de mercenaires Vikings, dirigée par Askeladd. C'est donc le moyen de découvrir des tactiques de guerre bien particulières et d'admirer surtout les fameux dragons des Vikings, leurs très manoeuvrables "Drakkars". Notre attention se porte alors sur le héros du récit, le jeune Thorfinn, qui est déjà, malgré son jeune âge, un combattant fougueux et efficace (très charismatique de surcroît) et qui visiblement nourrit une haine pour son chef, qu'il accuse d'avoir tué son père. il finira d'ailleurs par avoir le droit de le combattre en duel (en ayant fait ses preuves dans la bataille précédente), mais il échouera dans sa tentative de le vaincre. C'est le moment que choisit l'auteur pour remonter 10 ans en arrière et présenter Thorfinn, quand il n'était qu'un petit garçon, vivant dans un foyer Islandais, composé de ses parents et de sa soeur. L'histoire est donc présentée de manière à capter puis à intriguer le lecteur, puisqu'il ne nous est pas révélé grand chose de ce qui a conduit Thorfinn à passer d'un garçonnet curieux, plein de vie et émerveillé par les histoires au coin du feu, à un fier combattant renfrogné, rageur et vindicatif. Par contre, on a déjà de quoi être amplement satisfait sur l'univers et l'histoire des ces "gaillards" du nord. On sent le souci de Yukimura de s'être longuement documenté avant de commencer son récit et ça se retrouve dans un certain nombre de moeurs de l'époque qu'il nous présente (les eslaves notamment), dans l'utilisation de termes techniques précis (la langue qui est le norrois, les termes de caste ou les différentes types de navire), en fait toutes choses de la vie de tous les jours qui sont habituellement occultées ailleurs quand on met en scène des Vikings. Et puis, il y a aussi l'apparition astucieuse du personnage historique de Leif Erickson, ici un vieil explorateur Groenlandais, qui passe pour avoir été le premier homme européen à avoir posé le pied en amérique du nord au Xe siècle, une terre qu'il appellera "Vinland" et qui, donnant son titre à ce manga, promet probablement par la suite d'envisager un aspect découverte important. (découverte du monde ou découverte de soi-même ?) On notera que ce titre, contrairement à "Planetes", est publié dans un magazine de prépublication shônen et que si l'on ne nous épargne pas les scènes de massacre et les têtes qui volent dans la première partie du tome, l'auteur ne s'aventure pas davantage à dessiner d'autres scènes d'orgie et de pillage, comme on aurait pu facilement l'attendre d'un titre seinen un peu racoleur. Cela étant, ça reste anecdotique et le ton général est plutôt mature et réfléchi, tout à la fois épique et intimiste, de la vraie grande lecture de bande dessinée. Il y a aussi, et il faut vraiment le souligner, une véritable légèreté de ton, même dans les moments de grande tension où la mort côtoie les hommes ou lorsqu'un conflit est sur le point de se déclencher. un humour désuet est donc distillé avec grâce par le mangaka (par des mimiques exagérées ou des réflexions/vannes bien lancées) et le lecteur attentif pourra même retrouver, au hasard d'une case, tout un groupe de personnages un peu hétéroclites, encourageant le duel Askeladd/Thorfinn. Ces personnages bizarres n'évoqueront sans doute pas grand chose pour les lecteurs les plus jeunes, mais il s'agit bel et bien des héros de la vieille série d'animation (des années 70) germano-japonaise "VIC le Viking"!! (on en reconnaît au moins 6 ou 7, dont le jeune héros Vic bien sûr). Il fallait oser cet hommage iconoclaste ;) Pour conclure, à la fin de la lecture, on ne se sera non seulement pas ennuyé une seule seconde, mais on salive surtout de ce qui va maintenant nous être conté et qui s'annonce tragique. Une lecture quasi indispensable et en devenir. A suivre absolument!!

En bref

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