On ne conte pas fleurette à Violette

Si ce n’était ces photos en noir et blanc, on jurerait que l’existence de Violette Morris est pure affabulation, tellement cette touche à tout a testé et réussi de choses.
Championne multisports émérite, femme libre affirmant très tôt aux yeux du monde sa liberté et son indépendance de vue si ce n’est de fait, elle est un personnage de roman étonnant et entier.
Les auteurs ont su trouver, de plus, une approche intéressante avec le second personnage de femmes, détective privée, à qui la guerre a tout pris, sa famille, son métier et sa joie de vivre aussi semble-t-il.
L’enquête sur la disparition d’une famille de bouchers, collabo, entraîne donc la plongée vers la recherche de la vérité sur le corps surnuméraire retrouvé, celui de Violette.
L’image de la fleur fluette s’efface alors derrière la femme au physique imposant et à la volonté farouche.
Le dessin, aux couleurs un peu passées, au trait fin, recrée l’époque.
On y découvre une France d’il y a peu, où les femmes ne pouvaient pas voter, où leur émancipation était un gros mot plutôt qu’un souhait pour les hommes.
Pamphlet revendicatif et enquête journalistique, cette BD retrace avec style un combat pour la liberté et l’acceptation des différences qui trouve un écho étrange, un siècle plus tard, où il faut encore combattre par l’intelligence toutes les phobies.