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Critique de Blue flag #1

par KssioP le lun. 24 juin 2019 Staff

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Je t'observe en secret mais je ne te dis rien

BLUE FLAG où quand la couverture attire, apaise et pousse le lecteur dans une salle de classe de Terminale où l’amitié et l’amour se mélangent si bien que les frontières s’effacent et rendent évidemment les choses plus compliquées. Une police arrondie, des tons pastels, un cerisier, un ciel bleu cotonneux, c’est presqu’une toile très douce qu’on pourrait contempler des heures tellement on se sent bien. Mais, vous savez-quoi ? C’est encore mieux dedans car la musique qu’on entend via le cœur d’adolescents très proches de l’âge adulte battent un peu au même rythme que l’organe qui parfois comprime notre poitrine. Voilà un titre qui nous ressemble.

Taichi, est un garçon discret, quelconque dirons-nous, peut-être un peu blasé aussi, il n’attend rien de particulier dans la vie. Normalement, il traîne avec des copains qui lui ressemblent mais la rentrée scolaire chamboule ses habitudes et ses repères. Séparé de sa bande, il retrouve Tôma, un vieil ami, qui est tout son contraire. Le premier est petit, très mince, introverti, impopulaire ; le second est grand, sportif, adulé par toute l’école et sociable au possible. Pour autant, cette amitié qui ne date pas d’hier semble un peu terne dans le regard de Taichi qui garde ses distances devant son ami d’enfance trop lumineux. Un certain malaise se ressent comme s’il s’interdisait de l’approcher de trop près de peur d’imiter Icare et de se brûler les ailes. Alors, en spectateur on s’interroge. On essaie de lire à travers les lignes, de trouver un indice probant qui nous donnera la solution.

Kuze, une fille très maladroite, timide à l’extrême et voisine de classe inopinée (indésirable ?) de Taichi facilite très vite notre compréhension. Leur rencontre fait bouger l’histoire. Parce que Kuze a le courage de demander de l’aide pour son histoire de cœur, Taichi que l’inhabileté et l’ignorance de ces choses-là rendent innocent s’engage dans une voie qui va lui donner bien du souci. Lui l’impassible garçon, commence à percevoir un son particulier dans son cœur. Son humeur oscille entre haut et bas, ses réactions plutôt discrètes d’ordinaire explosent. Un petit rien lui fait perdre patience. Toutefois, il a le cœur sur la main et c’est lui le premier qui se retrouve désolé et démuni face à tous les changements qui s’opèrent en lui. Son petit monde tranquille est bouleversé et il ne sait plus comment se comporter. Des sentiments profondément enfouis refont surface, ou plutôt des sentiments qu’il n’avait même pas conscience d’avoir. Derrière sa nonchalance constante se cache en réalité un jeune homme sensible et foncièrement gentil qui veut aider les autres même s’il doit souffrir seul en retour. Parce que toujours les élans de son cœur battent de cette drôle de façon quand il est en face d’une personne particulière. Seulement, ils ne sont pas que deux dans l’équation, mais trois et ensuite quatre, cela devient presqu’impossible de tout gérer. Il fait des erreurs, se remet en question sans voir qu’au loin on attache beaucoup d’importance à son amitié et son bonheur.

Je n’ai pas trouvé une seule fausse note dans ce tome 1. Certes, l’histoire en elle-même n’a rien d’extraordinaire, ni de nouveau en soi, les premières amours sont notre lot quotidien et on ne s’étonne plus d’en lire dans les mangas. Cependant, ce thème continuera de nous toucher quand il est bien mené, quand il parle avec justesse du cœur innocent qui se cherche pour la toute première fois. Il n’est pas rare que certaines personnes plus sensibles se posent des questions en grandissant. La jalousie même si on ne parvient pas à la définir ainsi est naturelle. Le rejet de ceux qui nous ressemblent trop et qui en plus désirent ce qu’inconsciemment on se refuse, égratigne le cœur fragile à cet âge-là.

Taichi est un bon garçon, Kuze une fille pleine de bonne volonté, Tôma un être qui camoufle derrière son sourire un secret qui commence à lui peser. Les émotions sont réelles, palpables. Et ces petites phrases comme un poème qui viennent lier la fin d’un chapitre ou l’ouverture d’un autre nous amènent à quelque chose de plus beau. On s’attache à chaque personnage mais on comprend aussi très rapidement que tous n’auront pas leur happy end. Des larmes déformeront les visages dans l’avenir, si la colère n’emporte pas tout, ou plus amèrement le manque de courage. Reconnaître les autres, les accepter, mais surtout s’accepter soi avec ses qualités et ses défauts est l’apprentissage de la vie commun à tous. Personne n’est parfait et encore moins en amour, il faut s’en accommoder et tenter de jongler au mieux pour trouver un certain équilibre. L’amitié vraie se renforce malgré les difficultés mais parfois l’amitié est une étiquette plus facile à porter que celui d’amoureux. BLUE FLAG est un condensé de notre cœur aux premières fois, vivement la suite.

Vous l’aurez compris BLUE FLAG est un titre qui mérite notre intérêt, KUROKAWA a trouvé là une petite perle en devenir, j’espère qu’à votre tour vous lui donnerez sa chance, ne serait-ce que pour la jolie couverture ;). Sans oublier que le dessin est particulièrement plaisant à mon sens. KAITO forme ses personnages avec simplicité mais nous offre une jolie palette d’expressions qui rendent le tout aussi bien mignon que drôle que très classe. Oui l’auteur sait dessiner et avec de la personnalité ce qui renforce mon appréciation positive. Alors, vous attendez quoi ? foncez !

En bref

BLUE FLAG offre au lecteur la sensation de se sentir bien à travers l’émotion à fleur de peau d’un groupe de jeunes que la vie adulte se prépare à engloutir. Le cœur jusque-là en retrait, clos pour se protéger exige de s’exprimer. Les rencontres nouvelles se rappellent à son existence mais le cerveau peine à comprendre ce qu’il se passe et Taichi plus que les autres est perturbé. Sa gentillesse se mêle à l’envie, la jalousie, le rejet, l’amitié et peut-être plus encore. Le tout avec une justesse et une réalité qui font que notre regard extérieur s’accroche pour ressentir à son tour. Le cœur est universel quelque part alors ça nous parle, on sait, on compatit et Taichi nous touche là où ça fait mal. Ainsi que les autres qui sont aussi une partie de nous à un moment précis de notre existence.

9
Positif

Des sentiments qui nous parlent

Un goût de printemps

Des personnages attachants

Le dessin très expressif et simple à la fois

Negatif

Un thème vu et revu

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