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Critique de Batman - Année 1

par Le Doc le ven. 30 août 2019 Staff

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Année UN.

En 1985/1986, Frank Miller est un homme très occupé. Tout en signant le scénario et les dessins de l'importante mini-série The Dark Knight Returns qui imagine le futur du héros créé par Bob Kane et Bill Finger, il reprend sa prestation sur la série Daredevil de Marvel en imaginant un de ses chefs d'oeuvre, l'arc narratif Born Again avec David Mazzucchelli aux dessins. Cette partie de son travail pour Marvel se distingue notamment par le fait qu'il a collaboré avec d'autres dessinateurs, comme Bill Sienkiewicz sur le one-shot Daredevil : Love and War. Il retrouvera d'ailleurs rapidement chez la Distinguée Concurrence David Mazzucchelli pour une autre saga incontournable des années 80 (nom de Zeus, quelle période incroyable !), Batman : Year One.

Le contrat de Frank Miller avec DC stipulait qu'il écrive également une nouvelle origine pour Batman, suite à l'événement La Crise des Terres Multiples, qui a marqué (pour un certain temps) la fin du compliqué Multivers DC, remplacé par une unique Terre à l'Histoire altérée. Cette continuité rétroactive (ou retcon comme on dit dans le jargon) a d'abord été imaginée sous la forme d'un album, d'un graphic novel. Mais pour relancer les ventes de la revue Batman, le responsable éditorial Dennis O'Neil a demandé à  Miller de retravailler son histoire pour la publier en 4 épisodes de Batman #404 à 407. D'abord réticent, Frank Miller a accepté cette "adaptation en feuilleton" qui n'a pas diminué l'impact de son projet, loin de là.

L'une des très bonnes idées de Year One est cette manière de suivre le parcours de deux hommes, Bruce Wayne et James Gordon. Le premier revient à Gotham des années après la mort de ses parents et le second est muté dans cette ville gangrenée par la corruption. Le scénario alterne entre ces deux trajectoires. Il y a l'apprenti super-héros qui met les mains dans le cambouis, le justicier inexpérimenté qui veut apporter le changement et qui doit apprendre de ses erreurs (ce qui est très intéressant et c'est un point sur lequel Miller a insisté en passant volontairement sur la période des longues années d'entraînement de Bruce). Après une nuit particulièrement difficile et violente, un Bruce Wayne abattu attend le signe qui décidera de son destin. Un moment fort, iconique, qui n'a rien perdu de sa puissance.

Et il y a le flic qui vient d'être muté à Gotham et qui est rapidement confronté à sa crasse et sa violence. James Gordon va vite être un grain de sable dans la mécanique d'une société corrompue et devenir une petite célébrité au sein de la police de Gotham, ce qui ne va pas plaire à sa direction et certains de ses collègues. Gordon n'est pas un homme parfait, loin de là, il fait lui aussi des erreurs (là aussi, le parallèle est bien vu) mais il résiste à la pression (quand il faut user de la force, il n'hésite pas) et se distingue en de nombreuses occasions.

Ce double portrait est très bien écrit, la galerie de personnages secondaires est riche (Flass, Loeb, Carmine Falcone, Selina Kyle, Mme Gordon...), la caractérisation est excellente. Les dessins de David Mazzuchelli et les couleurs de Richmond Lewis participent pleinement à la description de cet univers sombre, très ancré dans une morne et implacable réalité quotidienne. Avec Year One, on bascule dans le récit noir...un récit noir qui raconte aussi l'histoire d'amitié progressive et conflictuelle entre un policier incorruptible et un homme devenu une légende.

En bref

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