10

Critique de Kingdom Come

par ScoobyDam le sam. 21 déc. 2019 Staff

Rédiger une critique
Une oeuvre monumentale

“Ca te dit Kingdom Come?”

“Je ne connais pas, je veux bien découvrir.”

“Tu vas voir, c’est monumental.”

Voilà les prémices de ma découverte de ce chef d’oeuvre. Le plus compliqué reste d’en faire la critique!

Kingdom Come, récompensé en 1997 par un Eisner et en 1998 par un Micheluzzi, est né de l’inspiration de deux hommes: Alex Ross et Mark Waid. Dans le dossier en post lecture, on comprend que l’idée de base vient d’Alex Ross à qui l’on présente Mark Waid pour mettre en écriture et étoffer le scénario qui donnerait vie aux peintures de Ross.

L’oeuvre est une totale réussite. On nous plonge dans un futur dans lequel les super-héros DC que nous connaissons ont pris leur retraite suite à un procès impliquant Superman. Le monde est laissé entre les mains d’une nouvelle génération de super-héros, pour la plupart inventés par Alex Ross pour l’événement, jeunes et quelque peu inconscients de la responsabilité que leur impose leurs pouvoirs. Par accident, ils détruisent l’état du Kansas, ce qui force les anciens héros, menés par Superman, à sortir de leur repos. Un Front de Libération de l’Humanité a vu le jour, dirigé par Lex Luthor, pour contrer les agissements de ces nouveaux héros et redonner aux humains leurs droits sur l’avenir de leur planète.

Les héros que nous connaissons ont été retravaillés et réinterprétés par les auteurs. Ceux sur qui le temps a une influence ont été vieillis, certains se sont aigris avec le temps. Batman, qui n’a pas cessé ses activités malgré la révélation de son identité, a pour moi l’évolution la plus marquée et logique. Il est allé au bout de son idée en créant une armée de Bat-robots qui font régner l’ordre à la manière d’un réel état policier. Superman est le guide sage et réfléchi qui veut éduquer cette nouvelle génération. Wonder Woman, guerrière dans l’âme, ne pense pas réellement comme lui et propose d’autres solutions. Cette dualité entre super-héros est également très intéressante et donne du relief au récit, sur fond d’instauration de régime totalitaire.

Toute l’histoire est contée à la manière de A Christmas Carol de Dickens par un duo de narrateurs: le Spectre et le pasteur Windsor McCay. Le récit est parsemé de références aux écritures saintes, notamment des versets de l’Apocalypse de Saint-Jean, ce qui donne à l’histoire une dimension divine et ancrée dans notre réalité.

Le plus impressionnant dans cet ouvrage est la place de l’humanité dans le monde des comics. On attend toujours un super-humain ou un extra-terrestre pour nous sauver alors que c’est notre planète et que l’on devrait pouvoir avoir notre mot à dire. C’est là que se pose toute l’intrigue avec les diverses interventions de super-héros qui n’en sont pas moins des humains à la base (Batman, Captain Marvel, etc...).

Au niveau graphique, réellement rien à dire, chaque vignette est une peinture pleine de détails et chaque planche est un enchaînement logique et très bien construit qui nous offre une narration graphique que j’ai beaucoup appréciée.

Pour l’édition, je ne connaissais pas le DC Black Label édité chez nous par Urban. L’édition est très jolie, les matériaux sont qualitatifs avec une bonne prise en main et je n’ai eu aucun soucis de reliure. Le papier est très agréable pour la lecture, sans trop de reflets mais sans le côté totalement mat qui peut déranger parfois.

En prélecture, on a une préface d’Elliot S. Maggin qui pose le contexte de Kingdom Come et qui permet d’avoir un premier pied dans le processus créatif, ce qui met bien l’eau à la bouche.

En post-lecture, le dossier est vraiment complet. Interviews, explications des auteurs, carnets de croquis et de recherches de personnages, galerie de couvertures, tout y est.

Dans les explications par Mark Waid, on revient à plusieurs endroits dans l’album pour découvrir des détails dans les vignettes (par exemple l’histoire du petit singe dans la grange de Superman) et on se rend compte de l’implication, de l’amour et la culture des auteurs pour l’univers DC et ses personnages.

Pour les recherches graphiques, on a en plus des commentaires d’Alex Ross qui explique pourquoi il a mis tel élément sur tel personnage, à quoi cela correspond, etc…

J’ai beaucoup apprécié le “casting” des gens qui ont inspiré Alex Ross pour chaque personnage, c’est très sympa à découvrir et c’est un joli hommage.

En bref

Une oeuvre monumentale dont la découverte est formidable. Pas besoin d’être une encyclopédie DC pour comprendre le contexte et les personnages car le récit permet de poser certaines bases qui aident à la compréhension. L’édition est très bien construite et apporte beaucoup d’informations sur le processus créatif du récit. Je ne peux que vous le recommander.

10
Positif

Mark Waid

Alex Ross

L’humanité mise en avant dans une histoire de super-héros

Le côté avant-gardiste

Les détails cachés

Le dossier en post-lecture

Negatif

Le récit est assez court (4 épisodes) et aurait mérité d’être plus développé (mais cela aurait également pu gâcher le côté événement de l’histoire). Pas un vrai point négatif, mais c’est compliqué à trouver!

ScoobyDam Suivre ScoobyDam Toutes ses critiques (117)
Autres critiques de Kingdom Come
Boutique en ligne
30,00€
Boutique en ligne
30,00€
Boutique en ligne
30,00€
Boutique en ligne
30,00€
Laissez un commentaire
Commentaires (0)