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Critique de Captain America Comics #1

par Le Doc le ven. 3 janv. 2020 Staff

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La Sentinelle de la Liberté

Captain America a fait une entrée fracassante dans l'univers des comics grâce à une couverture légendaire qui le voit bondir pour asséner un formidable coup de poing à un monstre bien réel. Martin Goodman, l'éditeur de Timely Comics (futur Marvel), affichait pourtant quelques réticences à utiliser Adolf Hitler, de crainte que le dictateur passe l'arme à gauche avant la fin de la Guerre. Mais Joe Simon et Jack Kirby ont tenu bon...et pour la même raison, la production de Captain America Comics #1 fut frénétique et sa sortie accélérée : s'il est daté mars 1941 sur sa couverture, le numéro est en fait sorti en décembre 1940. Le héros étoilé et son fidèle partenaire Bucky ont donc été créés à l'automne 1940 et soufflent cette année leurs 80 bougies ! 

Joe Simon ne s'en est jamais caché, la création de Captain America fut un acte politique. Avec son compère Jack Kirby, ils étaient révulsés par les actions de l'Allemagne Nazie et savaient que la guerre était inévitable (les U.S.A. entreront en guerre tout juste un an après la sortie de Captain America Comics #1). Simon et Kirby voulaient sensibiliser leurs lecteurs alors que les opposants au conflit étaient aussi très bien organisés dans leur pays (ils seront ensuite menacés par les pro-Nazis américains du German American Bund...mais il en fallait plus pour faire peur à Jack Kirby).

C'est Joe Simon qui a dessiné le premier croquis d'un personnage qu'il baptise dans un premier temps Super American...avant de rapidement changer d'avis car il y avait tout de même beaucoup trop de "super" dans les pages des comics. Captain America n'était pas le premier super-héros patriotique (il y a eu notamment avant lui le The Shield de MLJ...et c'est d'ailleurs pour éviter un procès que la forme du bouclier de Captain America, qui ressemblait un peu trop à celle du plastron du Shield, est devenu circulaire dès le deuxième numéro), mais son succès immédiat (environ un million d'exemplaires !) a fait de lui le numéro un dans sa catégorie, vite copié dans les semaines qui ont suivi.

Comme souvent en ce temps-là, le sommaire de Captain America Comics #1 est composé de plusieurs histoires, toutes dessinées par Joe Simon et Jack Kirby. Il n'y a pas que du Cap puisqu'on y retrouve aussi des personnages oubliés comme Hurricane et Tuk, Caveboy. Sur les quatre aventures de Captain America, je n'en ai lu qu'une, la première, celle qui raconte les origines de Captain America et sa rencontre avec Bucky en seulement huit pages...des événements qui ont ensuite été régulièrement revisités et étendus. Le déroulement du récit est concis et efficace : le malingre Steve Rogers, jugé inapte à servir son pays, accepte de participer à une expérience qui fera de lui le premier d'un corps de super-agents. Mais un espion nazi tue le savant qui a créé la formule (qui était alors appelé Reinstein et pas Erskine). Steve Rogers devient Captain America, le seul super-soldat de l'armée américaine, tout en se faisant passer pour un simple troufion au Camp Lehigh. 

Un troufion bien distrait tout de même car il est un soir surpris par Bucky Barnes, la mascotte du régiment, alors qu'il était en train de se changer sous sa tente. En seulement trois cases (c'est que ça ne s'embarrassait pas de détails à l'époque), Cap décide de prendre Bucky sous son aile et de faire de lui son allié dans la lutte contre "les vermines qui cherchent à renverser le gouvernement américain" pour reprendre la dernière phrase de ce court et dynamique épisode. Dynamique aussi grâce au style de Jack Kirby, encore mal dégrossi, visiblement pris par les délais très courts (Joe Simon a hésité à lui confier le numéro à cause de cela mais le très rapide futur King des comics lui a assuré qu'il pourrait finir l'ensemble à temps). C'est pauvre en décors, mais les silhouettes sont puissantes et le découpage énergique.

Joe Simon et Jack Kirby resteront sur leur création pendant dix numéros avant de plier bagage suite à leurs différends avec Martin Goodman. Parmi les scénaristes qui ont pris leur suite, on retrouve un petit jeune âgé d'à peine 20 ans, un certain Stan Lee. Mais ce sera pour le prochain billet...

 

En bref

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