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Critique de Captain America #4

par Le Doc le dim. 15 mars 2020 Staff

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Captain America par Steve Englehart

Le quatrième tome de la collection Essential consacré à Captain America (une série de rééditions en N&B maintenant remplacée par les Epic en couleurs) contient la quasi-intégralité de la prestation de Steve Englehart sur les aventures du Vengeur Etoilé. Les quatre premiers numéros sont disponibles dans l'album précédent (voir ma critique ici : https://www.sanctuary.fr/avis/133313/) et le tout forme une trentaine d'épisodes mémorables qui ont revitalisé un titre alors en perte de vitesse. 

Dans son run, Steve Englehart a confronté l'idéalisme de Captain America à l'évolution d'une société en proie à de constants bouleversements, des années anti-guerre marquée notamment par une perte de confiance dans les institutions. Dans ce contexte se posait alors la question, " qui est vraiment Captain America ?", cet homme qui doit vivre au jour le jour avec son statut d'icone américaine. L'arc narratif de "L'Imposteur", dans lequel Steve Rogers affronte le Cap fanatique et paranoïaque des années 50, n'était que le début d'une profonde remise en question pour le personnage créé par Joe Simon et Jack Kirby.

Steve Englehart a construit ses intrigues progressivement, sans oublier ce qui a été mis en place par ses prédécesseurs, comme les #157 à 159 qui traitent de corruption policière en dévoilant le destin inattendu d'un protagoniste aux faux airs de Jack Kirby. À cette occasion, Cap acquiert une super-force suite à une exposition à des produits chimiques, ce qui créera quelques tensions avec le Faucon qui va se sentir comme la cinquième roue du carrosse au sein de leur duo. J'ai toujours trouvé que l'ajout de cette super-force n'était pas une très bonne idée...et d'ailleurs, elle sera de moins en moins mentionnée au fil des mois avant d'être abandonnée (mais pour le moment, j'avoue que je ne me rappelle pas du moment où ce nouveau pouvoir a disparu).

Entre deux scènes d'action, Englehart n'oublie jamais le développement des personnages secondaires, les doutes du Faucon; la relation entre Steve Rogers et Sharon Carter malmenée, entre autres, par le retour de Peggy Carter, le premier amour de Cap pendant la Guerre et toujours amoureuse du héros après toutes ces années sans se douter que celui-ci est en couple avec sa petite soeur (ah, les feux de l'amour !). Parmi les nouvelles têtes, il y a Dave Cox, un jeune homme qui a perdu un bras au Vietnam et qui est devenu objecteur de conscience (ce qu'était aussi Englehart à l'époque). Il y a une dynamique intéressante dans le #163, entre une Peggy qui traite Dave de lâche et un Cap qui respecte l'ancien soldat qui lui a montré une autre voie, en étant prêt à les aider sans enfreindre ce en quoi il croit.

À partir de ce numéro, le scénariste pose les bases d'une machination contre le héros qui va voir sa réputation ternie, d'abord par une campagne anti-Captain America qui se sert des pouvoirs des médias pour retourner les américains contre le Vengeur Etoilé qui va ensuite se retrouver accusé de meurtre. Une suite d'épisodes palpitants, très bien ficelés et bourrés de rebondissements dont le point culminant sera la saga de l'Empire Secret (au climax qui prend place dans le #175) à laquelle participe les X-Men qui étaient alors orphelins de titre. Ce n'était pas la première apparition de l'Empire Secret dans un comic-book Marvel mais cette nouvelle tentative de prendre le contrôle du pays va profondément ébranler les convictions de Captain America (l'équivalent marvellien du scandale du Watergate).

Désabusé, Steve Rogers abandonne le costume de Captain America, incapable de rester plus longtemps associé au gouvernement des Etats-Unis. Après quelques épisodes, il finira par adopter une nouvelle identité et un nouveau costume en devenant Nomad, "l'homme sans pays". Mais ce pays peut-il se passer longtemps de Captain America ?

Tout n'est pas parfait dans ces trois années (je pense notamment à l'histoire avec Nightshade et les loups-garous dont Mark Gruenwald saura se souvenir pour son Cap-Wolf), mais il y a nettement plus de hauts que de bas. La prise de conscience politique donne des épisodes passionnants et le travail sur les personnages est de qualité (avec des éléments bien amenés comme la relation entre Peggy Carter et Gabe Jones). Il est tout de même dommage que Steve Englehart, très sollicité (au début des années 70, il était aussi sur Avengers, Defenders, Doctor Strange...), ait quitté la série sans apporter de véritable conclusion à sa prestation, qui reste excellente, forte et toujours aussi agréable à lire et à relire.

Sal Buscema a dessiné la plus grande partie des numéros, avec son style solide et efficace qui dépend tout de même beaucoup de l'encrage (et hélas, on lui a collé Vince Colletta sur une dizaine d'épisodes). Le #164 (celui avec les loups-garous) est illustré par Alan Weiss et ce n'est pas folichon (j'ai remarqué que certains visages ont été redessinés par John Romita Sr, pratique courante en ce temps-là). Frank Robbins s'occupe des derniers épisodes de Steve Englehart (ainsi que les suivants en attendant le retour de Jack Kirby) et comme souvent en ce qui concerne les planches de ce dernier, c'est assez...spécial. Je ne déteste pas son style (je trouve même ça plutôt dynamique malgré les exagérations), mais il n'était pas vraiment adapté aux comics de super-héros.


En bref

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