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Critique de Géante (Tamarit)

par ginevra le mer. 2 sept. 2020 Staff

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Une BD humaniste à diffuser largement

Il n'y a pas que l'héroïne qui est géante, l'album l'est aussi!

Dans les contes, ils y a toujours des gens formidables et de grands méchants. JC. Deveney n'a pas dérogé à la règle. Je commence par les gentils : une super famille avec un père bucheron, une maman aimante et 6 garçons qui n'hésitent pas à adopter un bébé fille de taille exceptionnelle qu'ils nomment Céleste – le chevalier Blanc de Parangon, grand lecteur de romans de chevalerie, passion qu'il partage avec Céleste – la sorcière Laelith qui va apprendre bien des choses à Céleste comme la connaissance des plantes et des animaux ou l'astronomie – la troupe de comédiens ambulants "Le Vaste Monde" dont en particulier Alto – le prince de Dorsodoro la sérénissime, Sandro di Canoccia, qui va épouser officiellement Céleste dont il partage le goût pour l'étude et la lecture.

Je continue par les méchants : le colporteur Nando qui est le premier à vouloir exploiter Céleste et qui la trahira - le grand inquisiteur Porphyre qui déteste toutes les femmes quelles que soient leurs tailles et leurs conditions – la reine mère Della Atriccia qui reproche à Céleste de ne pas pouvoir avoir d'enfant – la mère majeure du couvent de sainte Eurexie, une fanatique qui va prendre beaucoup d'emprise sur Céleste – Hapis, la cheffe des femmes-oiseaux, qui a mal assimilé les leçons de Laelith et déteste le genre masculin.

Les dessins ronds et colorés de Núria Tamarit illustrent parfaitement ce conte. Bien sûr Céleste domine l'ensemble par sa taille, ses grands yeux bleus et son immense chevelure rousse. Mais elle n'écrase pas les autres intervenants, ni les beaux paysages… d'ailleurs une domination aveugle serait contraire à la philosophie du conte. Si j'ai été un peu gênée au début par le manque de pupilles dans les yeux, cela a vite disparu devant la grande expressivité des personnages. J'ai envié plus d'une fois Céleste pour les bibliothèques qu'elle a fréquenté dans le livre… un vrai rêve de bibliophile!

Certains lecteurs verront dans Géante une BD féministe, mais je la vois comme une BD humaniste et proche par certains aspects du courant philosophique des Lumières. Je n'aime pas le terme "féminisme" car il cache souvent une notion d'opposition femelle-mâle trop manichéiste à mon gré. Pour moi, Céleste est au-dessus des conflits qu'elle subit à son cœur défendant. Cœur généreux et honnête qui lui fera toujours choisir la voie qui lui semble juste même au risque de sa vie. Présentée comme un monstre effrayant ou une merveille de la nature selon ceux qui la voient selon leurs filtres personnels.

À noter que l'objet-livre est de belle qualité avec ses dorures en couverture et un papier épais. De quoi ajouter au plaisir de la lecture, mais pas à bouts de bras car il est un peu lourd (1.225 kg).

En bref

Une BD humaniste et proche par certains aspects du courant philosophique des Lumières. Céleste cherche l'équilibre partout où elle passe pour qu'il n'y ait pas de domination d'un groupe par un autre. Merci à Jean-Christophe Deveney et Núria Tamarit pour ce beau message d'amour.

9
Positif

conte philosophique

dessins et couleurs superbes

Negatif

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