Fei's compagny

Retour sur cette excellente mini-série de dark fantasy publiée chez Kana. Dans ce second opus de Kingdom of Knowledge, nous avons affaire à un véritable petit rassemblement de personnages charismatiques autour du génial Fei. Dans ce volet, le Saint-Empire Ténéfania concentre son attaque sur la cité-forteresse d'East Garden. A cette occasion, nous faisons plus ample connaissance avec le prince Marc d'East Garden, un protagoniste essentiel de la série dont la gentillesse apporte un véritable équilibre émotionnel et humain au titre. Kingdom of Knowledge n'est pas une série de dark fantasy aussi nihiliste et impitoyable que Berserk. Au contraire, les personnages principaux sont de véritables héros bien décidés à renverser un empire aussi cruel qu'impitoyable. Nous ne pouvons qu'être séduit par cette petite communauté qui se forme autour de Fei et dont chaque membre est écrit avec soin. C'est remarquable. Et on ne peut qu'être désolé de la courte durée de vie de cette série qui s'achève en quatre tomes. C'est un peu dommage car rien que dès la fin du tome 2, on en redemande ! Je la conseille vivement à un lectorat qui cherche une aventure singulière et épique dans la lignée des meilleurs titres de fantasy.

L'aspect tactique de l'intrigue est toujours de la partie dans ce second volume. Fei continue à puiser dans ses connaissances héritées de ses années de travail dans la bibliothèque des gnomes pour sortir son équipe des pires mauvais pas. Le chapitre autour de l'évasion en est un parfait exemple et il est génialement mis en scène par Serina Oda qui fait preuve d'un sens de la narration dramaturgique tout simplement puissant. Nous sommes vraiment baigné dans cette ambiance de guerre, dans ces confrontations épiques avec une utilisation judicieuse de gros plans qui misent tout sur les émotions des personnages. Les références culturelles, exclusivement centrées sur les batailles de véritables seigneurs de guerre japonais apporte un petit plus non négligeable à ce titre. D'ailleurs, Serina Oda prend soin de changer son style de dessin utilisé pour refléter ces chroniques de guerres historiques en les intégrant dans le récit sous formes d'estampes comme les vieux manuscrits de batailles. Il y a certaine mise en valeur de la culture historique du Japon à travers ces petites chroniques. Au niveau du dessin, je met toutefois un petit bémol sur l'encrage. J'ai trouvé certains plans panoramiques comme la vision d'une ville en proie au flammes ou celle d'un large pont un brin confus. Il y a un petit manque de finition qui gâche un peu l'immersion. Sans doute, le mangaka est plus à l'aise dans le dessin des personnages qui reste lui tout à fait réussi avec un penchant vers des traits plus réalistes, plus affinés. 

Si Kingdom of Knowledge est efficace dans son scénario, ce n'est pas tant au niveau du registre épique que sur la mise en valeur dont fait l'auteur sur les relations entre les personnages. Que ce soit entre le prince Marc et Fei, Nagi et sa loyauté pour son père ou encore les frictions entre Fei et un semi-elfe impassible du nom de Riou, chaque relation est dépeinte avec soin et font transparaitre tantôt un climat de peur, de défiance, voire de racisme mais aussi un véritablement sentiment de loyauté et de bienveillance. Ce qui par ailleurs est assez rafraichissant dans un titre qui n'élude pas une atmosphère plus ténébreuse et violente.

Avec une certaine surprise, je dois avouer avoir un véritable coup de coeur pour ce second opus qui apporte énormément de relief à l'intrigue que ce soit au niveau des personnages, au niveau de de la qualité de l'intrigue qui ne tombe jamais dans une espèce de lourdeur ténébreuse mais qui a le mérite de faire ressortir un certain sentiment de vaillance.