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Critique de Black-out (Micol)

par ginevra le sam. 16 janv. 2021 Staff

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La face sombre et cachée du rêve hollywoodien!

Les auteurs présentent les règles plus ou moins officielles mises en place par les grands studios d'Hollywood à travers la biographie d'un acteur imaginaire. Maximus Wyld (né maximus Ohanzee Wildhorse) est le comédien idéal pour tous les rôles ethniques des films tournés entre 1940 et 1970. Ses origines afro-américaine, amérindienne, chinoise et mexicaine permettent de le maquiller facilement en danseur noir, lama tibétain, fourbe asiatique, homme de main… mais c'est aussi un grand séducteur qui papillonne d'actrices en actrices et certaines vont devenir de grandes stars toujours connues de nos jours : Lana Turner (née Julia Turner) et Rita Hayworth (née Margarita Carmen Cansino) entre autres. C'est Cary Grant qui l'a croisé par hasard dans un club de boxe et l'a fait entrer dans "l'usine à rêves". Petit à petit, Maximus se radicalise d'abord en introduisant dans son jeu des références à ses origines : pas de danse différents, plaisanter en langues indiennes lors de tournages de westerns,… Puis il va se rapprocher de NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) créée par le sociologue W.E.B. Du Bois. Bien évidemment, tout cela va se retourner contre lui lors des grandes purges de McCarthY

J'ai découvert plein de choses sur le cinéma américain de la grande époque dont beaucoup de pas très jolies. Le formatage des acteurs par les grands studios pour gommer les accents, former les corps en recourant parfois à la chirurgie… a quelque chose d'effrayant dans sa volonté de créer des stéréotypes. J'ignorais l'existence des "race movies" ou films ethniques destinés aux minorités et tournés avec des acteurs issus des minorités, mais il est vrai qu'il en reste peu encore trouvables. J'ai aussi découvert le fondateur de la NAACP, révisé le code Hays qui a obligé certains cinéastes à changer ce qu'ils voulaient tourner. Mais, hélas, je connaissais déjà l'absurde chasse aux sorcières lancée par McCarthy. De quoi prouver à ceux qui croient encore que la BD est un art mineur qu'ils ont tort car le lecteur curieux peut y découvrir plein de choses intéressantes.

Toutes ces découvertes n'auraient pu avoir lieu sans le talent de scénariste de Loo Hui Phang qui a créé une histoire passionnante et tellement crédible que j'ai cru pendant un bon moment que Maximus Wyld avait vraiment existé. Hugues Micol en a fait un portrait très flatteur et j'ai imaginé sans difficultés qu'un tel homme pouvait séduire toutes les femmes qui le rencontraient et intéresser les plus grands cinéastes du moment.

Cela donne un portrait pas très reluisant du cinéma américain de l'époque… mais je ne suis pas sûre que cela ait vraiment changé de nos jours. Les règles d'autrefois ont juste évoluées en devenant souvent encore plus hypocrites.

En bref

Cet album dresse un portrait pas très reluisant du cinéma américain des années 1940 / 1960… mais je ne suis pas sûre que cela ait vraiment changé de nos jours. Les règles d'autrefois ont juste évoluées en devenant souvent encore plus hypocrites. Une découverte de la face sombre et cachée des grands studios hollywoodiens.

8
Positif

Scénario passionnant

dessins en N&B superbes

Negatif

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