Se prendre au jeu
Après une lancée en fanfare chez Panini Comics à un prix défiant toute concurrence (10 euros), Die, écrit par Kieron Gillen et illustré par Stéphanie Hans est de retour pour un deuxième tome. Ces deux-là ont appris à se connaître sur un épisode de Journey into Mystery pour Marvel pour continuer leur partenariat sur quelques chapitres de la série The Wicked + The Divine, toujours disponible d'ailleurs chez Glénat Comics. Mais ici, il s'agit d'une vraie création originale à quatre mains, même si je n'oublie pas Clayton Cowles pour le lettrage de la version originale.
Tout d'abord, parlons du contenu, j'aime beaucoup les textes de Kieron en fin de tome. Ceux-ci ont vraiment un rôle explicatif pour les néophytes de jeux de rôle type Donjons et Dragons. Par exemple, ça a mis pour ma part en relief le rôle très important du dés et des caractères qui en découlent pour chacun des personnages. On nous les représente au tout début d'ailleurs à gauche des portraits, de manière dépliée et géométrique, signature que l'on retrouve sur les couvertures.
Car l'histoire, comme une partie de ce jeu, peut-être plus complexe qu'il n'y paraît, et c'est tant mieux. Chaque lecteur va avoir un joueur préféré parmi les six proposés. Pour ma part, j'aime beaucoup le chevalier triste, comme lui, j'ai perdu ma mère jeune, et, c'est une belle trouvaille qu'il en tire son pouvoir à l'aide de son épée qui parle et qui lui casse les pieds. Il a ici, comme Chuck le fou de service, ou Ashla dictatrice, un chapitre qui approfondit son histoire avec l'arrivée de vilains antagonistes qui eux, sont plutôt joyeux et féroces. J'apprécie l'originalité du fait qu'il veut sortir de cet état de deuil permanent, mais qu'il est condamné à y rester pour pouvoir survivre à ce jeu malsain. Die c'est tout à fait ça, on se laisse embarquer par des dialogues de rues sans fard, presque crue, ancrés dans la réalité, mais on se trouve en fait dans un monde féérique. C'est frappant !
Et justement, la magie de Stephanie Hans s'exprime d'une force incroyable. Comme l'indique son collaborateur, c'est quand elle a toute une planche entière où elle est la plus forte, due à sa grande expérience sur les couvertures de comics. Non pas que le reste est mauvais, loin de là, on a plutôt l'envie de briser le cadre pour essayer de voir la suite du dessin, ses décors ou le corps entier du protagoniste. La toulousaine a raison de choisir un magicien pour jouer aux jeux de rôle, c'est ce qui lui ressemble le plus, si on fait le lien avec son travail.
Die est une série qui ne laisse rien au hasard en digne héritière des mondes de Tolkien ou des sœurs Brontë (lisez l'article « recherches »!), elle est aidée également de l'expérience de journaliste spécialisé en jeux videos de Kieron Gillen, du coup, l'expérience et le travail en amont se ressentent à chaque page. De plus, pour les amateurs du genre, les sources sont toujours citées en fin de tome, et cette fois, aux côtés des origines du talent de Stéphanie Hans qui sont vraiment à lire également, moins prolixe que son ami, elle est tout aussi efficace pour vous raconter son histoire. À présent mes amis, c'est à vous de jouer !
En bref
« Bâtir un monde dans sa tête et le peupler d'habitants imaginaires est très édifiant et enrichissant. » Charlotte Brontë
Positif
Les nombreux articles qui mettent en lumière le travail sur Die, ou ses sources, pour bien mieux apprécier l'oeuvre, et, ne rien louper lors de notre lecture
La magicienne Stephanie Hans
Le barde à charisme élevé, Kieron Gillen
On reste pertinent par rapport à ce qui a été installé auparavant comme les dés, et, les caractères qui s'opposent pour mieux nous surprendre
On s'inspire du meilleur de Tolkien, mais avec une réélle connaissance de base, à noter dans ce deuxième tome l'arrivée des soeurs Brontë
Negatif
Il faut accepter de ne pas tout savoir dès le début pour mieux se laisser happer par ce récit édifiant
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