ImaGénietion land

Depuis que je lis assidûment des comics (depuis 2011 donc), j’ai toujours eu une relation compliquée avec Alan Moore. Même si je trouve ses idées formidables, je suis souvent freiné par une narration dense, trop lourde à mon goût. Ainsi, je n’ai jamais été entièrement convaincu, que ça soit avec Miracleman, Swamp Thing , Watchmen ou même Tom Strong, j’ai surtout admiré les idées novatrices, moins la narration.

Pourtant, plusieurs proches m’ont martelé à nombreuses reprises que je devrais lire "Promethea" qui allait surement me faire changer d’avis, mais faute d’édition française (et de PAL gargantuesque), j’attendais une parution chez Urban pour vérifier les dires de mes compères.

Puis vint ce moment tant attendu, le dandy barbu est venu à ma rencontre, a retiré son gant de velours et m’a giflé d’un magnifique revers et ceux dès les premières pages.

Promethea est un personnage qui a connu plusieurs vies éditoriales au fil de différents auteurs au 20ème siècle, ce mythe abordé de différentes manières fascinent la jeune Sophie qui réalise son mémoire à ce sujet. A ces fins, elle part à l’encontre Barbara Shelley, la femme du dernier auteur ayant travaillé sur le personnage, pour creuser sur le sujet. Sauf qu’au même moment, les femmes vont être attaquées par un monstre de l’ombre provoquant la transformation de Barbara en Promethea, une soit disante avatar surpuissante, qui paraît pourtant bien faible pour lutter face à cet ennemi occulte. Une seule solution pour se sortir de ce mauvais pas : Sophie va devoir devenir la nouvelle incarnation de Promethea qui va l’amener à découvrir tout un pan mystique de son univers.

J’avoue avoir été loin d’imaginer une telle claque en découvrant cette série. “Prométhea” représente tout ce que j’attendais d’Alan Moore.

D’abord, “sans surprise”, l’auteur dépeint un univers extrêmement riche et fascinant avec ce monde immergé dans la science-fiction avec ses héros de la science (qui font penser aux quatre fantastique) et ses technologies futuristes dans laquelle l’héroïne a toujours vécu. En très peu de pages, Alan Moore pioche dans des éléments communs pour y décrire un monde que l’on saisit très facilement qui lui permettra de nous surprendre plus facilement lorsqu’on basculera totalement dans le mysticisme à travers Promethea.

Car c’est là où j’ai vraiment pris mon pied, si je m’attendais à une héroïne qui se transforme en pseudo déesse, j’ai été très surpris par la tournure et l’identité de l’héroïne mais aussi dans le style qui est loin du super héros classique.

Revenons sur ce dernier point, l’auteur (qui est un amateur de magie) va aborder sa vision de la magie sur bien des aspects mais aussi nous présenter un avatar très spécifique puisqu’il présentera tout un pan propre à l’imagination. A partir de ce fait, c’est tout un lot de notions qui nous sont présentées montrant une nouvelle fois qu’Alan Moore est exceptionnel.

C’est très gourmand, et le tout est amené subtilement au travers l’affrontement de Sophie et l’univers occulte qui cherche à l’exterminer avec une fluidité déconcertante : convaincant de bout en bout.

Le tout est illustré par un autre génie, à savoir JH Williams III, esthète des comics, au style semi réaliste épuré et aux découpages fous, qui va nous enchanter tout le long de cet album (allant même s’essayer au semi photomontage pour le besoin du récit).

Bref, ce fut une lecture incroyable, le tout dans une belle édition ornée de dorures… mais qui s’avèrent assez fragiles vu que certaines parties d’entre elles (notamment sur le dos) sont parties lors d’un voyage en sac à dos… Tant pis...