Julie Longway

Il est assez rare qu’une série prenne le parti de faire vieillir son héros ou son héroïne au fil des tomes. Derib l’a fait avec Buddy Longway, Manini le fait avec son héroïne. De tome en tome, d’une exposition universelle parisienne à l’autre, elle ne perd rien de ses dons et affine sa beauté et sa grâce avec l’âge. La voici dans ce tome aux prises avec le criminel du siècle, dont elle prédit l’évasion et qui vient la hanter, au plus près de son existence.

Le dessin, qui choisit un peu la caricature pour les personnages mais sans excès, adoucit le propos du destin difficile de cette famille étrange.

Enfants nés d’une même mère et de pères inconnus, les trois frères et la sœur survivent comme ils peuvent, avec la rage de vivre et l’envie de bien faire et grâce au don de voyance de Julie. Chacun des personnages et attachant et apportent au récit, qui la révolution, qui l’eau bénite, qui la grâce ineffable d’une madone qui voit loin pour l’étranger mais que l’amour aveugle.

Dessin et récit sont plaisants, profitant d’une intrigue policière pour montrer les foisonnantes inventions que les expositions, préfigurant le concours Lépine, ont apporté.

Ah, si des ancêtres un peu plus visionnaires et bien moins mercantiles avaient poussé l’énergie solaire et le décarboné.

Julie conserve l’ingénuité de la jeune fille dans un corps de femme et nous pousse, lecteur, à positiver le monde, pour en chercher la substantifique optimiste moelle.