Jack l’éventreur par Alan Moore

Quand on parle d’Alan Moore, on évoque rapidement son génie puis ses déboires dans le monde des comics. Honnêtement, je l’ai découvert sur le tard en commençant par La ligue des gentlemen extraordinaires. J’ai trouvé ça très bien, surtout les thèmes traités, mais très (trop) verbeux. A mon sens, c’est ce qui serait le plus représentatif pour définir le terme de “roman graphique”. C’est exactement ce que j’ai ressenti avec ce premier tome de From Hell. Si vous débutez dans les comics, je ne vous le conseille donc pas ; si vous voulez commencer du Moore, je vous conseillerai plutôt de partir sur V pour Vendetta ou Watchmen dont les univers et la narration vous paraîtront plus familiers.

From Hell, est un roman graphique écrit par Alan Moore et mis en image (d’origine en noir et blanc) par Eddie Campbell dont la première édition VO s’est étalée de 1991 à 1996. Pour cette nouvelle édition prévue en trois volumes, des couleurs ont été ajoutées par le dessinateur d’origine.

Alan Moore nous met en scène une théorie sur un mystère qui a toujours intrigué bon nombre de britanniques (dont il fait partie) : pourquoi Jack l’éventreur tuait-il ses victimes ? Il part ici du postulat rédigé par Stephen Knight que je ne vous dévoilerai pas ici pour ne rien dévoiler ! Je trouve l’action très lente à se mettre en place. La verbosité Moorienne qui m’a donné du mal à apprécier d’autres de ses récits a refait mouche ; plusieurs fois j’ai fermé le livre pour reprendre ma lecture plus tard. Mais, comme dans tout récit d’Alan Moore, les personnages sont bien construits et ont des personnalités cohérentes et réalistes et dans l’ensemble, on veut connaître la suite.

Côté dessin, c’est très spécial. Autant j’ai beaucoup aimé les bâtiments, les paysages et les scènes en général, autant les personnages ne m’ont pas plu. Je trouve néanmoins que le trait correspond bien au ton du récit mais ce n’est pas un style que j’apprécie spécialement.

J’ai pu comparer quelques planches en noir et blanc avec celles de cette édition et je trouve que la couleur n’apporte rien de plus au récit. Le parti pris du noir et blanc était suffisant et amenait une ambiance appuyant bien l’histoire. Cependant les couleurs n’étant pas très prononcées ni criardes, la colorisation reste discrète et ne dénature pas trop l'œuvre originale.

L’édition est très jolie, à l’habitude de Delcourt. L’album est un peu lourd mais les matériaux sont top. La couverture accroche bien l'œil et donne envie de découvrir l’intérieur. En fin d’album, on a tout le dossier d’annotations rédigé par Moore (entre 25 et 30 pages) pour compléter et apporter une aide à l’analyse de son récit. Et on se rend bien compte de toute la documentation qu’il a rassemblée pour écrire cette histoire.
Je trouve néanmoins très dommage que l’éditeur ne nous ai pas directement imprimé un petit dossier dans lequel il nous aurait présenté quelques planches noir et blanc/couleur pour mettre en avant la première édition de la mise en couleurs de ce roman graphique.