9 contes grinçants aux accents philosophiques

Ersin Karabulut propose dans cet album une série d'histoires courtes pour la plupart grinçantes ou angoissantes.

" L'âge de pierre" montre un endroit où les humains reçoivent une pierre à leur naissance qu'ils ne doivent jamais lâcher ou poser et qui augmentent en poids à chaque anniversaire. C'est une vision effrayante d'un conformisme accepté par tous au point que la rebelle sera punie par les témoins de son acte de révolte. J'ai pensé à la maxime shadok qui dit "Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que de risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas."

"La chambre secrète" évoque les petits secrets qui persistent entre époux.

"Deux en un" raconte l'horrible sort d'une femme sans fente vaginale qui est envahie par son fils qui s'avère être un sale type quand il grandit. J'avoue que cette histoire m'a un peu mise mal à l'aise.

"Dot" est une fable très contemporaine sur les geeks toujours à l'affut du dernier modèle de portable. Et s'il était possible de réaliser une mise à jour des réfractaires au progrès. Cela donne une histoire grinçante et inquiétante sur fond de manipulations mentales.

"Histoire pour enfants" ou quand Ersin Karabulut fait raconter une histoire pas vraiment amusante par un vieux conteur. Comment passer de l'âge bête à l'âge adulte.

"Le monde d'Ali" parle d'une épidémie mondiale modifiant les traits des gens qui l'attrapent pour qu'ils deviennent tous semblables avec le cortège de répressions pour les non-atteints sortant de la masse. Dans le contexte actuel, j'ai ri jaune avec la phrase "La pandémie est sous contrôle" dite par un responsable politique.

"Le fils de son père" raconte l'histoire d'un homme dont le fils devient le sosie en grandissant au point que l'on ne sait plus qui est qui!

"Pile ou face" est une variation plutôt hilarante sur paradis et enfer juste séparé par un mur où l'on peut échanger d'un côté à l'autre.

"Sans gravité" est une nouvelle variation sur la confrontation entre riches et pauvres dans un monde futur où la gravité a disparue. Les riches ont de lourdes bottes les maintenant au sol tandis que les pauvres tentent de survivent en s'amarrant à des câbles. Une triste version de la fin de l'humanité.

Si j'ai vraiment aimé le côté absurde, acerbe et parfois féroce des scénarios des histoires, j'ai également admiré la souplesse graphique d'Ersin Karabulut car il sait varier ses styles de dessins.

Un auteur que je vais essayer de suivre attentivement maintenant.