Donner une valeur au temps
Le peintre Lazare Bruandet nous emmène dans sa folie, sa quête éperdue de perfection, une sorte de rachat. Ce qu’il fit, ce qu’il peut encore faire, à la pointe de son épée, il veut le transcender par son pinceau. L’eau de vie aidant, le passé s’allège et le pinceau se fait caresse pour montrer la beauté des êtres et des lieux.
Car Lazare peut sublimer le beau pour oublier le laid. Dans cette période qui suite la révolution, les hommes sont moins que des bêtes, revenus à l’état sauvage ; Ils reconstruisent peu à peu les différences qu’ils ont voulu gommer par le sang et le feu. La Bastille est loin. Les villages brûlent. Chacun cherche son camp. Lazare, lui, veut donner une valeur au temps ; Celui qui passe, celui qui lui reste, sans souci de reconnaissance ou de postérité.
Le dessin est anguleux, comme l’homme. Il interpelle, il questionne. A la douceur d’un cloitre que réchauffent doucement les rayons du soleil, il oppose la sauvagerie des hommes, ces meurtres sans fin et finalement sans raison, même ceux des hommes de Dieu, sensés être voués à la prière pour le salut des âmes.
Ces traits esquissés, ces troncs d’arbres noircis, font se demander où ce misanthrope va trouver tant de bonté à donner aux femmes qu’il croise.
Un superbe récit d’un écorché vif mis en image à l’avenant.
En bref
Récit d’un écorché vif qui peine à trouver sa place dans un passé et un présent tout de sauvagerie. Seul l’absolu de la création picturale à l’écoute de la nature et des cœurs l’apaise. Le dessin sans concession, propulse le lecteur dans cet esprit et cette époque tourmentée.
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